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Editorial : Pluies salvatrices - Par Hassan GHEDIRI

Il a plu des cordes sur la Tunisie durant les quatre derniers jours. Des précipitations encore plus prometteuses sont en perspectives, d’après les prévisions des services météorologiques au grand plaisir de ces hommes et femmes qui nous nourrissent. Des pluies abondantes et bien réparties se sont notamment abattues, depuis le week-end dernier, sur les gouvernorats du nord-ouest abritant les plus importants barrages du pays. Jusqu’à avant-hier, et d’après les chiffres actualisés par le ministère de l’Agriculture et des Ressources hydrauliques, près de 40 millions de mètres cubes d’eau ont généreusement renfloué les stocks des barrages portant, en 24 petites heures, le taux de remplissage général de 23,7% à 25,7%. 

Des résultats qui incitent les cultivateurs à remercier la générosité céleste en espérant voir les semaines pluvieuses s’enchaîner et redonner un souffle d’espoir dans un contexte marqué par un stress hydrique sévère, une crise agricole et un pouvoir d’achat en berne. 

Ces pluies, attendues avec impatience, ne sont pas seulement une bénédiction pour les terres agricoles assoiffées, mais également une opportunité cruciale pour reconsidérer la gestion de l’eau et relancer une dynamique positive dans le secteur agricole. La Tunisie subit depuis des années une sécheresse chronique qui a fragilisé l’ensemble de son écosystème. Les réserves des barrages ont atteint des niveaux historiquement bas, compromettant l’approvisionnement en eau potable dans plusieurs régions du pays. Les agriculteurs, déjà confrontés à des coûts de production exorbitants et à des perturbations climatiques, ont vu leurs rendements chuter drastiquement, menaçant la sécurité alimentaire nationale. Dans ce contexte, les pluies de ces derniers jours apparaissent comme un véritable soulagement. Elles permettent de recharger partiellement les nappes phréatiques, d’améliorer les réserves des barrages et de favoriser les semis de cultures céréalières d’hiver, essentielles pour répondre aux besoins alimentaires du pays.

Pour tirer pleinement parti de cette pluviométrie bienvenue, des actions concrètes et urgentes doivent être engagées, car des précipitations, aussi abondantes soient-elles, ne sont efficaces que si elles sont judicieusement collectées et utilisées. Sérieusement affectée par les effets du réchauffement du climat, la Tunisie a choisi de se tourner vers des ressources alternatives, notamment le dessalement de l’eau de mer. Le cap doit toutefois être également mis sur la modernisation du réseau de stockage et de distribution de l’eau. Cela inclut la réparation des infrastructures défectueuses dans le but de réduire les pertes d’eau dans les canaux.

Si ces pluies représentent un répit bienvenu, elles ne peuvent toutefois masquer l’urgence d’une stratégie nationale cohérente face au changement climatique. La Tunisie ne peut plus se contenter de réagir aux crises, mais elle doit anticiper et investir dans des solutions durables. Une réforme en profondeur des politiques agricoles et hydriques est impérative pour instaurer une gestion durable et intelligente des ressources et garantir la résilience du pays face aux aléas climatiques et économiques. La bonne gestion de l’eau passe aussi (et surtout) par une sensibilisation efficace des citoyens et des agriculteurs quant aux enjeux de la rareté de l’eau. Il s’agit d’un engagement qui se forge par l’éducation et la promotion des pratiques durables, comme l’économie d’eau domestique et le recyclage des eaux de pluie pour des usages non potables.

L’État est à court de moyens. C’est une réalité. Pour cela, il doit solliciter l’appui du secteur privé pour contribuer à la mise en œuvre de projets hydrauliques ambitieux. Le partenariat public-privé constituerait la meilleure forme de collaboration susceptible d’accélérer l’installation de solutions innovantes.

H.G.

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