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Edito : Le mal persiste et les thérapies pratiques tardent - Par Kamel ZAIEM

Le chiffre est officiel puisqu’émanant de l’Ordre des médecins lui-même. Ils sont 1450 médecins à avoir franchi les frontières en 2024 pour aller exercer en Europe. Les mêmes raisons sont évoquées pour expliquer cet exode qui ne s’arrête plus malgré les timides tentatives de persuader les médecins à rester au pays.

Dans une récente intervention médiatique, Dr Nizar Adhari,  le secrétaire général du Conseil national de l'Ordre des Médecins, a déclaré que le nombre de médecins ayant quitté la Tunisie au cours de l'année 2024 avoisinait les 1450, selon les statistiques préliminaires.

Du coup, on évoque cette situation, mais également les raisons qui ont contribué à cet exode massif. Pour le S.G. du Conseil de l’ordre, « les conditions de travail dans les hôpitaux tunisiens, l'arrestation de médecins dans le cadre de leur exercice professionnel et les violences qu’ils subissent » figurent parmi les principales raisons de cet exode.

Evoquant le côté financier de ce nouveau phénomène, Dr Ladhari continue à dénoncer les obstacles auxquels sont confrontés les jeunes médecins : « Les banques ne fournissent pas de prêts aux jeunes médecins pour lancer leur carrière et ouvrir leurs cabinets. Ce manque de soutien financier pousse de nombreux professionnels à chercher des opportunités à l’étranger, où les conditions sont souvent plus favorables. En Allemagne, par exemple, les autorités envisagent de réduire les exigences pour faciliter la migration des médecins tunisiens ».

Du côté du Conseil de l’Ordre, le phénomène risque de faire encore plus mal à la situation sanitaire au pays : « Chaque année, nous formons mille nouveaux médecins, mais si on continue à perdre 1400 chaque année, cette fuite de talents menace gravement l'équilibre du système de santé tunisien, qui peine à retenir ses professionnels ».

Comment doit-on faire, dès lors, pour arrêter l’hémorragie ?

Des propositions ont fusé de partout pour proposer des solutions, et certains députés ont même parlé de prise nécessaire de décisions capables de faire penser un médecin avant de faire ses valises. En réponse, le secrétaire général de l’Ordre des médecins s’est indigné contre la proposition d’un député du Parlement qui demande à obliger les compétences migrantes à verser 180 euros par mois à l’État tunisien pendant cinq ans. Il considère que cette mesure est inappropriée et qu’elle crée plus de problèmes qu’elle en résout !

Toutefois, du côté de l’Ordre, on garde l'espoir que les nouvelles mesures, annoncées par le gouvernement, puissent limiter cette hémorragie. Et d'ajouter que la loi sur la responsabilité médicale, qui protège les droits des patients tout en protégeant les médecins, ainsi que le projet de sociétés en cours d'élaboration par le ministère de la Santé, pourraient contribuer à réduire l'exode des médecins.

C’est dire que le problème ne cesse pas de provoquer des répercussions de plus en plus dangereuses pour le secteur et menace la santé du citoyen qui constitue le principal capital pour aller de l’avant et pour bâtir les bases d’un avenir que nous espérons meilleur mais qui demeure menacé par de tels phénomènes plus que sensibles.

Aujourd’hui, le diagnostic de ce phénomène est fait et nous en connaissons l’origine. La balle est dans le camp des décideurs et les concertations entre le gouvernement et le Conseil de l’ordre des médecins doivent se renforcer pour mieux penser à des solutions pratiques qui pourraient satisfaire les uns et les autres et arrêter cet effrayant exode.

K. Z.

 

 

 

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