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Chronique de Amna Atallah Soula Iran : Décès du président Ibrahim Raïssi, est-ce le tournant ?

De retour dimanche 19 mai dernier de l’Azerbaïdjan, l’hélicoptère du président iranien, Ibrahim Raïssi, accompagné du ministre des Affaires étrangères Hossein Amir Abdollahian et sept autres personnalités, s’était écrasé dans une zone montagneuse couverte d’un épais brouillard, alors qu’il se dirigeait vers la ville de Tabriz.
Le ministre turc des transports évoque l’absence « de système de signalisation ». Pour la Turquie, voulant prêter main forte aux recherches, il y avait une totale absence de signaux.
C’est dire que les mystères autour du crash de l’hélicoptère dans lequel le président iranien a trouvé la mort dans le nord-ouest de l’Iran persistent. Ce décès ouvre, ainsi, une période d’incertitude politique. L’époque est fortement conjecturale au vu des dangers secouant la région du Moyen- Orient de par la guerre meurtrière à Gaza. Le défunt Raïssi, d’autre part, était pressenti à la succession du guide suprême, Ali Khamenei, 85ans. Cette question relance, ainsi, le problème de la succession. Mais des déclarations officielles laissent entendre que ça ne devait pas bousculer la vie politique en Iran.

Incertitude et tournant politique
Il est impensable de perdre de vue que le défunt était une figure charismatique. Il incarnait, en particulier, la ligne imposée par le guide, ultraconservatrice et autoritaire. Nul doute, pour nombre de spécialistes de l’Iran, l’élection d’un nouveau président très prochainement pose plusieurs défis.
Les responsables de la République islamique, les plus conservateurs de la classe politique iranienne, s’obstinent à maintenir leur mainmise sur le pouvoir. Ils vont devoir, après concertations, préparer l’élection présidentielle prévue pour le 28 juin. Le constat des analystes c’est que le flou est total jusqu’à nouvel ordre et aucune personnalité représentant le camp conservateur au pouvoir ne se dégage. Il est fort difficile de croire au succès des modérés au vu de la crise économique et le plein pouvoir actuel des plus conservateurs. Ils verrouillent tous les rouages des institutions et de la vie politique.
Au vu de la dimension de l’influence de l’Iran au sein de la région moyen-orientale, ce décès brusque va indéniablement avoir des conséquences à l’intérieur du pays certes, mais aussi dans cette région. Les tensions entre Téhéran et Tel Aviv ne cessent de croitre. Et pourtant…

Les manœuvres diaboliques
Le 1er avril dernier, Israël bombardait des bâtiments du consulat iranien à Damas. Bien loin d’être un poisson d’avril, cette agression avait engendré la mort du général Sayed Mosawi, un proche du très important général Souleimani assassiné lui-même en Irak en 2020 lors d’un raid aérien américain. Le général Mossavi a succombé en même temps que plusieurs autres gardiens de la révolution affectés en Syrie. Téhéran dénonce une escalade extrêmement dangereuse.
Deux semaines plus tard, la République islamique iranienne menait à son tour l’action « Promesse honnête ». Des représailles iraniennes attendues.Il est important de faire souligner que se fut la première attaque jamais exécutée directement sur Israël.
Cette attaque iranienne se traduit par 185 drones, 110 missiles sol-sol et 36 missiles de croisière, lancés, selon « le new York times », depuis l’Iran, l’Irak et le Yémen sans causer de dommages. Car, plusieurs heures avant de mettre en branle cette opération, l’Iran s’était évertué, à travers ses canaux diplomatiques, à en prévenir les Etats-Unis et par conséquent Israël. Il va sans dire, la défense antiaérienne de ce dernier pays prévenu, eut intercepté, la plupart des drones et missiles.
De son coté, CNN informait que l’armée américaine, à elle seule, avait intercepté 70 drones et plus de trois missiles. Était-ce pour qu’elles puissent intervenir que les Etats-Unis avaient été informés ? La riposte à la riposte ne s’était pas faite attendre. Quatre jours seulement cette fois, sans crier gare, Israël ne bombardait rien d’autre que la région où se situe, tenez-vous bien, le site nucléaire de Natanz.
 Ce site, pour nombre de spécialistes en la matière, est le plus important du programme iranien d’enrichissement de l’uranium. Les observateurs occidentaux persistent et signent pour souligner : l’attaque israélienne s’est perpétrée sans trop de dégâts. Ils oublient de mentionner que la symbolique du choix du site est fort manifeste ! Les sites iraniens sont les cibles perpétuelles de menaces. Elles sont criées haut et fort.

Deux ennemis jurés, et pourtant
Ce fut un temps où l’Iran n’entrait pas en ligne de compte pour Israël. C’était Saddam l’éventail à éliminer et par la même, l’Irak à tailler en pièces. En 1980, Israël soutenait, en coulisse, l’Iran lors du conflit l’opposant à l’Irak. Et, en 1981, Israël était allé très loin en bombardant un réacteur nucléaire irakien. L’histoire est loin d’oublier Colin Powell présentant les armes interdites par la résolution 1441. Alors même qu’elles n’étaient en rien irakiennes.
L’Iran, pendant une longue période, était considéré par Israël comme un allié, même au moment où l’ayatollah Khomeini vouait Israël aux gémonies. De surcroit, pendant la guerre Iran-Irak (1980 /1988), en vue de la libération des otages américains, Israël livrait des missiles à Téhéran. Et, ce fut le scandale « Irangate».
Est-ce le tour aujourd’hui de l’Iran ?

A.A.S.

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