contactez-nous au 71 331 000
Abonnement

La France, puissance moyenne aux ordres d’Israël - Par Soufiane Ben Farhat

Dernière trouvaille dans le langage ampoulé du chef de la diplomatie française, une véritable pépite. Traitant de la situation humanitaire catastrophique que subissent les Palestiniens de Gaza, Stéphane Séjourné a déclaré hier : «Il faut qu'il y ait des leviers d'influence et ils sont multiples, allant jusqu'aux sanctions pour permettre à l'aide humanitaire de franchir les points de contrôle». Une déclaration qui intervient avec six mois de retard et qui sombre dans la pure logomachie savantissime. “Leviers d’influence et ils sont multiples allant jusqu’aux sanctions”, allez chercher d’y comprendre quelque chose.

Et dire que la France a présidé le Conseil de sécurité de l’ONU en janvier 2024. Sans oser la moindre injonction, fut-elle du bout des lèvres, à l’endroit d’Israël et de sa soldatesque s’adonnant depuis des mois à un génocide en bonne et due forme des Palestiniens. Avec plus de trente-quatre mille tués, en majorité des femmes et des enfants, plus de quinze mille disparus et soixante-quinze mille blessés, y a-t-il un bilan plus lourd ? La France s’en tient au mutisme diplomatique le plus effronté. Motus et bouche cousue.

L'Elysée, une officine obscure ?

N’empêche, sur d’autres fronts, les Français redoublent de déclarations à l’emporte-pièce sur fond d’excès de zèle au besoin. Ainsi, le président français Emmanuel Macron a-t-il invoqué il y a un mois la possibilité d’envoyer des troupes françaises en Ukraine pour soutenir Kiev contre les troupes russes. Ce qui a provoqué le rire moqueur de Sergueï Lavrov, le ministre russe des Affaires étrangères.

Certains se posent la question de savoir pourquoi la politique étrangère française est devenue à ce point l’appendice du Likoud et de l’extrême droite suprémaciste aux commandes d'Israël. A entendre certains analystes et des plus sérieux, il n’est pas exclu que le palais de l’Elysée, siège de la présidence française, se soit mué en une officine obscure, une espèce de colonie de peuplement juive au cœur de la capitale française. Et où l’on entonne à tue-tête et à longueur de journée “plus proisraélien que moi tu meurs” ! Bien évidemment, le Quai d’Orsay suit et redouble de zèle lui aussi.

Qu’en est-il du droit international humanitaire, des instruments pertinents de la légalité internationale, des droits inaliénables des peuples et des droits de l’homme ? La France d’Emmanuel Macron, comme celle de ses prédécesseurs hormis Jacques Chirac, Mitterrand, Giscard d’Estaing et de Gaulle, s’en soucie comme d’une guigne. La politique arabe de la France ? C’est un bien lointain souvenir. Pourquoi essayer de raviver les morts ?

Écroulement des fausses idoles

En tout état de cause, la guerre génocidaire que mène Israël en toute impunité à Gaza depuis plus de six mois s’avère une véritable mise à nu. Succédant et se recoupant avec deux crises majeures, la pandémie du Covid-19 et la guerre en Ukraine, elle scelle un nouveau palier dans l’histoire de l’humanité. Dans le registre de l’horreur s’entend. Avec, en toile de fond, le triple échec du capitalisme, du mondialisme et de l’européisme.

En fin de compte, tout le dispositif ou presque soigneusement mis en place au lendemain de la Deuxième Guerre mondiale tombe à l’eau. La Charte des Nations Unies, la Déclaration universelle des Droits de l’homme, les principes généraux mêmes du droit sont fragilisés sinon carrément battus en brèche. On assiste au discrédit et à l’écroulement des vieilles idoles. Et le pire c’est que ce sont les États mêmes qui ont présidé au façonnement légal de ce dispositif, États-Unis d’Amérique et Europe occidentale en tête, qui en sont les actuels fossoyeurs. En d’autres termes, ce n’est point le supposé ennemi extérieur qui a mis le feu aux poudres, mais bien plutôt l’ennemi intérieur, intime pour ainsi dire.

Longtemps à l’affût, la Russie et la Chine ne sont guère mieux servies. Elles reviennent à la tête du Sud global. Les deux superpuissances raflent la mise tandis que les chantres de l’ancien système vacillent.

Attention l’humanité regarde

La guerre de Gaza a en tout cas redimensionné les choses. L’Occident y subit un discrédit sans précédent, y compris et surtout auprès de l’opinion occidentale proprement dite. Témoins, les millions de citoyens qui ont manifesté dans les villes occidentales contre l’abominable expédition militaire israélienne à Gaza et contre la compromission des principaux gouvernements occidentaux.

Et puis, l'humanité regarde. Et tire les conclusions. En s’aliénant au profit d'Israël, de sa politique va-t-en guerre et des chantres américains de la canonnière à tout bout de champ, la France s’enfonce dans l’insignifiance et dans le suivisme vis-à-vis des Américains. Et perpétue sa vocation de ex-”grande puissance moyenne” tout au plus comme disait Valéry Giscard d’Estaing. Ex-grande par un certain rayonnement culturel, d’ailleurs révolu, et moyenne par sa propension à gérer, dans le concert des nations, le seul ministère de la parole. Encore qu’elle se tait dès lors qu’il s’agit d'Israël, de ses exactions systématiques et du génocide perpétré à l’encontre des Palestiniens.

Un jour, ceux qui tiennent les commandes finiront bien par passer sous les fourches caudines de l’implacable sentence de l’histoire. Déjà, quand on présume qui passera aux commandes de la France en 2027, on ne doit guère être devin pour juger de la teneur du double mandat d’Emmanuel Macron. Aux USA, Obama passait pour un excellent président, si seulement il n’avait pas légué le pouvoir à Donald Trump. Parce qu’en politique, ce qui importe ce sont également les fins de règne. Suivez mon regard.

S.B.F

 

 

 

Partage
  • 25 Avenue Jean Jaurès 1000 Tunis R.P - TUNIS
  • 71 331 000
  • 71 340 600 / 71 252 869