La réélection de Donald Trump en 2024 et la poursuite de sa politique "America First" ont redessiné le paysage économique mondial, avec des conséquences directes pour des pays comme la Tunisie.
Cette politique protectionniste, caractérisée par des droits de douane élevés et une stratégie monétaire agressive, impacte fortement les échanges commerciaux mondiaux. Pour la Tunisie, qui dépend largement des importations de biens et de matières premières, ces changements économiques internationaux se traduisent par une augmentation des coûts d'importation et une inflation importée, pesant sur le pouvoir d'achat des ménages.
Tensions économiques et monétaires
La politique commerciale de Trump, avec ses droits de douane élevés sur plusieurs produits, notamment chinois, affecte l'économie tunisienne de plusieurs manières. L'appréciation du dollar, qui s'est renforcée depuis la réélection de Trump, a augmenté le coût des importations pour la Tunisie, où environ 60% des transactions sont libellées en dollars. En 2024, les coûts de l'énergie ont grimpé de 18%, tandis que les prix des produits alimentaires ont augmenté de 12%, exacerbant ainsi la crise du pouvoir d'achat pour les ménages tunisiens.
L'appréciation du dollar sous la présidence de Donald Trump a des implications significatives sur la dette de la Tunisie. Cette appréciation, souvent liée aux politiques monétaires de la Réserve fédérale américaine et à la fuite des capitaux des marchés émergents, rend le service de la dette plus coûteux pour la Tunisie.
Impact sur l’endettement
La dette extérieure de la Tunisie est partiellement libellée en dollars américains, environ 26,5 %. Lorsque le dollar s'apprécie, le coût de remboursement de cette dette augmente, car il faut plus de dinars tunisiens pour acquitter les échéances en dollars. Cela met une pression supplémentaire sur les finances publiques tunisiennes, déjà fragiles, et accroît le risque de défaut.
La dépréciation du dinar par rapport au dollar réduit également la capacité de la Banque centrale de Tunisie à maintenir des réserves de change suffisantes. Les réserves en devises ont diminué de 9,9 % entre 2024 et 2025. Cette diminution des réserves limite la capacité de la Tunisie à stabiliser son taux de change et à faire face aux fluctuations monétaires, ce qui peut encore aggraver la situation de la dette.
Commerce extérieur et investissment
Le commerce extérieur tunisien, essentiellement basé sur des transactions en dollars, est fortement affecté par la politique protectionniste des États-Unis. Les secteurs clés comme le textile et l'agroalimentaire, qui dépendent fortement des importations, voient leur compétitivité sur les marchés internationaux se réduire en raison de l'augmentation des coûts des matières premières. Les exportations de textiles et d'huile d'olive, par exemple, pourraient être particulièrement touchées par l'augmentation des droits de douane prévue par la politique commerciale de Trump.
La Tunisie doit faire face à une incertitude économique accrue due à la politique de Trump qui pourrait conduire à une baisse des investissements directs étrangers, estimée à -15 % en 2025.
La réélection de Donald Trump et sa politique économique ont créé un environnement économique complexe pour la Tunisie, caractérisé par des pressions inflationnistes et une dépendance accrue aux importations. Pour sortir de cette situation, la Tunisie devra adapter ses stratégies économiques pour atténuer les impacts négatifs de la politique « America First » et renforcer sa résilience face aux fluctuations mondiales.