Le paysage associatif tunisien a connu une transformation notable de son financement public entre 2018 et 2024, avec une augmentation substantielle des subventions qui sont passées de 83,4 millions de dinars à 115,8 millions de dinars.
Cette évolution, loin d'être linéaire, révèle les priorités changeantes de l'État et sa vision du rôle des organisations de la société civile dans le développement social et économique du pays.
Importance du secteur social
Le ministère des Affaires sociales s'impose comme l'acteur prépondérant dans le financement associatif, avec une enveloppe qui a presque doublé, passant de 26,7 millions de dinars en 2018 à 44,8 millions en 2024.
Cette progression spectaculaire s'explique notamment par l'accent mis sur les associations à caractère social, dont le budget est passé de 600 000 dinars à 41,2 millions de dinars sur la période. L'Union Tunisienne de Solidarité Sociale, acteur historique de l'action sociale, a vu son financement augmenter considérablement, reflétant son rôle central dans le dispositif de protection sociale du pays.
Des niveaux variables de financement
L'analyse détaillée des allocations révèle une disparité significative entre les différents départements ministériels. Le ministère de l'Intérieur se distingue avec une allocation qui a plus que doublé, atteignant 9,9 millions de dinars en 2024, tandis que le ministère des Finances maintient une stabilité remarquable autour de 5,2 millions de dinars.
Cette variation reflète non seulement la taille des effectifs de chaque ministère mais aussi leur capacité à négocier leurs enveloppes budgétaires. Les amicales de certains ministères, comme celui de la Justice, ont connu une augmentation substantielle, passant de 3,8 à 5,9 millions de dinars, témoignant d'une reconnaissance accrue de leur rôle dans le bien-être des fonctionnaires.
Dynamique des priorités
Le financement des associations sportives et culturelles présente une trajectoire fluctuante qui mérite attention. Le ministère de la Culture a vu son budget pour les associations passer de 2,7 millions de dinars en 2018 à seulement 945 000 dinars en 2024, une baisse drastique qui soulève des questions sur la place de la culture dans les priorités nationales.
En parallèle, le secteur de l'agriculture et de la pêche maintient un niveau de financement stable autour de 10 millions de dinars, soulignant l'importance stratégique de ce secteur pour l'économie nationale.
L'évolution du financement public des associations entre 2018 et 2024 reflète les transformations profondes de la société tunisienne et de ses priorités. Si le renforcement du secteur social témoigne d'une volonté politique de consolider le filet de protection sociale, les variations importantes entre secteurs suggèrent la nécessité d'une réflexion approfondie sur les critères d'allocation des ressources publiques. L'avenir du financement associatif en Tunisie dépendra de sa capacité à concilier les impératifs de développement social avec les contraintes budgétaires croissantes.