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Editorial : Trouver la bonne arme anti-bouchon - Par Hassan GHEDIRI

Enfin, il semble que l’Etat a - peut-être - décidé de prendre le taureau par les cornes et résoudre, une fois pour toute, le casse-tête des embouteillages. Mais attendez ! Cela ne peut toutefois pas se faire du jour au lendemain, s’agissant d’un phénomène complexe qui nécessitera beaucoup de temps et beaucoup, beaucoup d’argent. Faire un premier pas est déjà une bonne chose, dira-t-on. Car depuis déjà plusieurs années, la congestion routière en Tunisie est devenue un problème urbain omniprésent qui entraîne des préjudices considérables pour tous. A l’intérieur des villes mais aussi sur les routes périphériques et souvent même sur les autoroutes, les bouchons s’apparentent maintenant à un tribut que des milliers de Tunisiens qui choisissent, ou qui sont obligés, de se déplacer à quatre roues paient chaque jour. C’est néanmoins dans le Grand Tunis qu’embouteillages et goulots d’étranglement sont d’une ampleur inédite. Il est très normal, comme dans le monde entier, que ce soit la capitale qui souffre le plus de ce fléau, mais le problème pour Tunis et ses périphériques, c’est que pendant des décennies, l’on a tout fait pour rendre le phénomène quasiment irrémédiable. Un laisser-faire-laisser-aller caractérisant l’occupation de l’espace urbain couplé à l’explosion du parc automobile et la dégradation du transport public en commun. Résultat de cette gestion archaïque du domaine routier, un déséquilibre chaotique entre l’offre et la demande. Comme on venait de l’annoncer, l’Etat ne compte pas rester les mains croisées à attendre le jour où la capitale s’asphyxie par les bouchons. En effet, lorsque des centaines de milliers d’automobiles passent chaque année des centaines d’heures coincés dans les embouteillages, ce sont des milliards de dinars de carburants qui partent en fumée. Sans oublier les nuisances sanitaires et environnementales des gaz d’échappement. 

Pour freiner cette spirale destructrice, la Tunisie a choisi de miser sur le savoir-faire japonais. L’on apprend qu’un accord a déjà été conclu avec l’Agence japonaise de la coopération internationale (JICA) pour la mise sur le rail d’un nouveau plan de mobilité urbaine dans le Grand Tunis. Le projet dans lequel s’impliqueront des experts nippons se fixe comme objectif très ambitieux de «révolutionner la gestion du transport à l’intérieur de la capitale», pour employer les termes d’un journal électronique qui a consacré un article à ce sujet. 

Désengorger définitivement le Grand Tunis, cela réduira considérablement les dépenses des automobilistes, et par ricochet de l’Etat qui importe l’essence et finance l’entretien des infrastructures. En 2018, Sarra Rejeb, l’ancienne secrétaire d’Etat des Transports, avait estimé à 600 millions de dinars le coût annuel des embouteillages, rien que dans le Grand Tunis. Les pertes économiques liées par la congestion routière sont en effet incommensurables parce qu’en plus du gaspillage du carburant, beaucoup d’accidents sont déplorés et des millions d’heures de travail sont perdues chaque année. C’est donc un manque à gagner colossal pour l’économie du pays. 

Les experts japonais devraient savoir que pour décongestionner la circulation automobile dans le Grand Tunisie, il ne suffira pas seulement de généraliser et moderniser le transport en commun.  Augmenter l’offre dans un espace urbain saturé ne résout rien. Il y a une approche proposée dans le cadre d’une étude faite sur le phénomène des embouteillages dans le continent africain qui suggère qu’en augmentant la part du transport ferroviaire de 10% d’ici 2030 et de 20% d’ici 2050 permettrait aux pays de réduire considérablement le nombre de voitures en circulation, avec des économies globales estimées à près de 8 millions de voitures par jour en 2030.  Mais à la petite échelle nationale, le problème du Grand Tunis ne peut se résoudre uniquement grâce aux rails.  Une délocalisation massive des services administratifs des hôpitaux, des universités, des usines et des entreprises vers de nouvelles périphéries parfaitement aménagées et desservies par un transport multimodal qui facilite la mobilité de tous les acteurs. 

H.G.   

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