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Enième blocage du phosphate : A quand la fin de la récréation?

Par Hassan GHEDIRI

Les syndicats de la Compagnie de phosphate Gafsa se dédouanent de l’arrêt total de la production dans le bassin minier qu’ils considèrent pourtant comme une «réaction ouvrière spontanée et naturelle» …

L’Union générale tunisienne du travail (UGTT) n’assume aucune responsabilité du débrayage total au sein de la Compagnie de phosphate de Gafsa (CPG) engagé jeudi par des salariés en colère. C’est ce que l’on a taché à le préciser du côté de la Place Mohamed Ali où les membres de la fédération générale des mines devaient se réunir, hier, pour examiner les retombées de ce mouvement. Dans un communiqué rendu public datant de mercredi 11 décembre 2024, la Fédération générale des mines (FGM) a vivement critiqué la volte-face de la direction générale de la CPG qui refuse, selon la partie syndicale, de satisfaire les droits légitimes des travailleurs sous forme de primes de production non réglées et des tenues de travail. La FGM qui a dénoncé dans son communiqué les méthodes d’intimidation à peine masquées que la direction de la compagnie emploie pour contenir le mécontentement des ouvriers, a réaffirmé son engagement à utiliser toutes les formes de lutte légitimes pour contraindre la direction à honorer ses engagements, entre autres la grève. 

Très déçus de l’issue de la réunion de négociation entre les syndicats et la direction de la CPG qui a débouché sur un échec cuisant, les ouvriers du bassin minier ont donc décidé de manifester leur mécontentement par la manière la plus radicale avec un débrayage total dans tous les sites de production dans la région de Gafsa. 

L’expérience a montré que la rupture du dialogue entre les partenaires sociaux dans le bassin minier se traduit illico presto par des pertes colossales pour la CPG qui n’arrive plus à inscrire sa production dans une courbe de croissance exponentielle. Le problème aujourd’hui, pour la Tunisie, c’est que le secteur du phosphate, au lieu d’être un moteur de croissance et de contribuer à la dynamique de relance, est en train d’aggraver les déficits budgétaires et commerciaux du pays. Aucun motif ne peut aujourd’hui justifier l’arrêt total de la production dans le bassin minier au moment où les exportations de phosphate font chute libre depuis le début de l’année creusant gravement le déficit commercial de la Tunisie. 

Déficit

Selon la dernière note de l’Institut national de la statistique (INS) sur l’évolution du commerce extérieur de la Tunisie au cours des onze premiers mois de 2024, les exportations du secteur des mines, principalement les phosphates et ses dérivés, ont reculé de 24,2%. Le gouvernement qui a prévu une panoplie d’actions destinées à accélérer la relance de la production de phosphate pour réduire progressivement le déficit commercial de notre pays au cours des années à venir, va devoir commencer par résoudre le casse-tête des tensions sociales qui risquent de tout chambarder. Le mois dernier, le gouvernement avait, en effet, dévoilé les grands axes d’un programme quinquennal de relance de la production de la CPG. S’étalant de 2025 à 2030, ce programme ambitieux mise sur l’amélioration progressive de la production du phosphate pour replacer la Tunisie sur le marché international et contribuer en même temps à la réalisation de l’objectif d’une croissance de 3,2% en 2025. De grands investissements dans la modernisation des équipements ont été annoncés dans ce cadre avec comme objectif d’augmenter la capacité de production et de répondre à une demande croissante à l’international, ce qui est de nature à aider à dynamiser l’économie nationale. 

Le chef du gouvernement, Kamel Maddouri, a toutefois reconnu lors du conseil des ministres consacrés à la présentation du plan quinquennal de la relance de la CPG, que ces objectifs ne pouvaient être atteints sans la résolution radicale des problèmes des grèves et des sit-in qui empêchent le fonctionnement normal des unités de production dans le bassin minier.  

Kaïs Saied, quant à lui, n’a pas cessé d’appeler, au cours de trois dernières années, à relancer la production du phosphate, susceptible à ses yeux de générer des revenus permettant à la Tunisie de se passer des emprunts auprès des institutions internationales. «Notre or est sous terre alors que le pays est confronté à une situation financière difficile», a-t-il dit, une fois, lors d’une rencontre avec le ministre chargé des Mines pour comparer le phosphate dont regorge le sous-sol tunisien à de l’or non exploité.

H. G.

 

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