Un rapport publié dernièrement par l’institut de recherches « Carnegie Middle East Center » sur la situation de l’économie des pays de la région et qui s’est concentrée sur les évolutions récentes dans trois pays qui sont l’Egypte, la Tunisie et le Liban indique qu’il est vrai que des programmes du Fonds monétaire international (FMI) sont nécessaires mais ils doivent être alignés sur la réalité des pays de la région du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord (MENA).
D’après le rapport, ces programmes jouent plusieurs rôles lors des conjonctures financières particulières, dans ces pays incluant la Tunisie, notamment : fournir des liquidités, déterminer l'ampleur de la restructuration de la dette, imposer des conditions liées aux politiques publiques et accorder l'approbation nécessaire à toute réforme avant sa mise en œuvre.
Bien que les programmes du fonds aient contribué, selon lui, à stabiliser les conditions financières dans le passé, ils n'ont pas conduit à une augmentation du taux de croissance.
Afin d’atteindre la croissance souhaitée, d’après le rapport, les programmes doivent aller au-delà des solutions à court terme vers des stratégies innovantes qui ne se limitent pas à l’austérité.
Il convient de noter que durant la dernière décennie, la Tunisie a obtenu de la part des Institutions financières internationales, notamment, le Fonds monétaire international (FMI), plusieurs financements assortis de conditions excessives sous couvert de réformes financières et monétaires et axés sur la baisse de la valeur de la monnaie nationale, la réforme des mécanismes de la politique monétaire et l’adoption de mesures d’ajustement des prix de certains produits de base.
Le pouvoir exécutif a décidé, depuis un certain temps, de renoncer progressivement à coopérer avec les Institutions financières internationales, dont le FMI, car ces mesures ont causé des difficultés pour l’économie nationale et des problèmes sociaux.
S’adressant, en juin 2023, à la directrice générale du FMI, le Président de la République Kaïs Saïed avait souligné « qu’il veille à la paix sociale et qu’il n’est pas prêt à faire assumer au pays les répercussions d’une éventuelle confusion à ce niveau ».
La Tunisie a figuré, récemment, sur la liste du FMI des pays dont la conclusion des consultations a pris des retards dépassant 18 mois, en plus du délai normal de 15 mois, pour des raisons diverses.
A ce sujet, des observateurs assurent que la démarche de la Tunisie est judicieuse, étant donné que l’agenda imposé par le FMI aux autorités tunisiennes, au titre des réformes, représente des politiques orientées vers l’austérité, au détriment de la souveraineté monétaire nationale. Cette situation a mené à l’accroissement de l’inflation ainsi que des pertes énormes subies par l’Etat tunisien, et une orientation claire vers des cours de change flottants.
Pour plusieurs spécialistes, l’approche de la Tunisie n’est pas éloignée des mutations profondes enregistrées dans la région et dans le monde et qui s’orientent de plus en plus vers l’Est et les blocs économiques émergents, comme une alternative au traitement avec le système de « Bretton Woods » lequel n’a pas changé son approche basée sur l’exploitation des peuples et l’enrichissement à leurs dépens.