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La Finance islamique, un secteur porteur

La finance islamique, qui repose sur des principes éthiques et religieux, a fait son apparition en Tunisie dans les années 1980.

Depuis, elle a connu des évolutions significatives, bien que son développement soit entravé par un cadre législatif encore insuffisant. Ce secteur, qui s’inscrit dans une dynamique de modernisation du système financier tunisien, attire de plus en plus l’attention des acteurs économiques et des investisseurs.

Un cadre législatif en mutation

L'absence d'un cadre réglementaire spécifique a longtemps freiné la croissance de la finance islamique en Tunisie. Bien que la Banque Zitouna ait été la première banque islamique à opérer dans le pays dès 2010, le marché n'a pas dépassé 1% des dépôts bancaires jusqu'à récemment.

Cependant, la révolution de 2011 a ouvert la voie à des réformes économiques et financières, permettant d'envisager une meilleure intégration de ces pratiques. Les récentes lois ont permis à toutes les banques d'offrir des produits islamiques, mais sans garantir leur spécificité.

Evolution des produits islamiques

La finance islamique repose sur plusieurs instruments financiers spécifiques qui respectent les principes éthiques et religieux de l'Islam. Parmi les principaux instruments, on trouve la « Mourabaha », un contrat de vente où la banque achète un actif pour le revendre avec une marge bénéficiaire, et l'« Ijara », qui fonctionne comme un crédit-bail permettant à la banque de louer un bien à un client.

D'autres mécanismes incluent la vente « Al Salam », une vente à terme, et l'«Istisna», qui finance la production de biens livrés ultérieurement. Les instruments participatifs tels que la « Mudharaba » et la «Musharaka » permettent de partager les bénéfices et les pertes entre investisseurs, tandis que les « Sukuk » représentent des titres adossés à des actifs réels, offrant une alternative aux obligations classiques.

En outre, le système d'assurance islamique, connu sous le nom de «Takaful », repose sur des principes de solidarité et de coopération entre participants pour couvrir les pertes. Ces instruments illustrent comment la finance islamique propose des solutions alternatives aux pratiques financières conventionnelles, en intégrant des valeurs éthiques tout en répondant aux besoins variés des consommateurs et des entreprises. En favorisant des transactions basées sur des actifs réels et en évitant l'intérêt, la finance islamique s'inscrit dans une approche plus durable et responsable du financement.

Perspectives

La finance islamique en Tunisie fait face à plusieurs défis qui freinent son développement et son intégration dans le système financier national. Ces défis sont d'ordre économique, réglementaire, culturel et éducatif, et nécessitent une attention particulière pour permettre à ce secteur de réaliser son potentiel.

L'un des principaux défis réside dans l'insuffisance du cadre législatif. Bien que des avancées aient été réalisées, notamment avec l'adoption de la loi bancaire n° 2016-48, son application reste incomplète.

De nombreux articles de cette loi demeurent non opérationnels faute de notes d'application, ce qui limite la capacité des institutions financières à offrir des produits conformes aux principes de la finance islamique. En outre, l'absence d'une instance nationale dédiée à la conformité charaïque entrave la gouvernance et la transparence des opérations financières islamiques, rendant difficile la confiance des consommateurs dans ces produits.

Un autre défi majeur est la réticence culturelle et politique envers la finance islamique. Les perceptions négatives au sein de la population, souvent alimentées par un manque d'information et de compréhension des principes de la finance islamique, constituent un frein significatif. Cette méfiance est exacerbée par le manque d'éducation financière sur les avantages de la finance islamique, qui pourrait attirer une clientèle plus large.

Pour une finance d’intégration

Les perspectives pour la finance islamique en Tunisie semblent prometteuses. Les pouvoirs publics reconnaissent son rôle dans le financement de l'économie nationale et envisagent d'intégrer davantage ces pratiques dans les programmes de développement.

L'éducation joue également un rôle clé, avec l'introduction de formations spécialisées comme le master en finance islamique proposé par l’École supérieure des sciences économiques et commerciales de Tunis (ESSEC Tunis). Ces initiatives visent à former une nouvelle génération de professionnels capables de naviguer entre les exigences du marché financier moderne et les principes éthiques de la finance islamique.

La finance islamique en Tunisie est donc à un tournant décisif. Avec un cadre législatif en cours d'amélioration et une prise de conscience croissante au sein de la société, ce secteur pourrait devenir un pilier important du système financier tunisien. En favorisant une approche éthique du financement, il pourrait non seulement répondre aux besoins financiers d'une partie significative de la population mais aussi contribuer à un développement économique significatif.

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