La dette tunisienne extérieure est principalement libellée en Euro, Dollars américains, Yen japonais, en unité de tirages spéciaux (la monnaie du FMI), et enfin en Dinar koweïtien (monnaie utilisée par le FADES, basé à Koweït).
C’est ce que révèle une nouvelle note publiée par l’Observatoire Tunisien de l’Economie (OTE) qui explore la situation de l’endettement public tunisien tout en dressant un état des lieux de l’évolution de la dette, de sa composition (extérieure et intérieure) et de sa structure (créanciers, devises).
Spécificités de la dette publique
L’analyse met en évidence les spécificités de la dette publique tunisienne notamment au niveau de composante extérieure, ses origines et ses conséquences. En s’appuyant sur une analyse des données, des recommandations ont été proposées, à cet effet.
Sous cet angle, le portefeuille de la dette extérieure est dominé par l’Euro qui représente 59,8% en 2022, contre 55,7% en 2019. Selon la loi finance 2024 sa part devait légèrement diminuer à 56.4%. Les autres devises majeures qui complètent ce portefeuille sont aussi caractérisés par une stabilité dans leur composition de la dette extérieure.
Cette domination de l’euro s’explique par le fait que l’Union européenne représente un bailleur important et le premier partenaire commercial de la Tunisie, tout comme les pays qui composent l’Union. Demeurant la monnaie de réserve mondiale dominante depuis la Seconde Guerre mondiale, le dollar a aussi une présence significative dans le portefeuille de la dette extérieure tunisienne.
Origines et impacts
Plusieurs raisons sont à l’origine de l’augmentation du taux d’endettement. L’impact le plus significatif observé a été le glissement du dinar qui a engendré une hausse de l’encours de la dette au cours des années 2016- 2018.
Il faut noter que l’impact de la dévaluation du dinar par rapport aux autres monnaies a fait augmenter l’encours de la dette publique extérieure de 18 746 millions de dinars (MD) entre 2016 et 2018, passant de 55% du PIB fin 2015, à 78% du PIB fin 2018.
L’évolution du taux de change d’une monnaie nationale par rapport aux devises étrangères a un impact direct sur le coût de la dette extérieure d’un pays. En effet, lorsque la monnaie nationale se déprécie, le montant à rembourser en devises étrangères augmente, alourdissant ainsi la charge de la dette.
Le service de la dette publique extérieure de la Tunisie pour l'année 2024 s'est élevé à environ 14,3 milliards de dinars, soit 22% de plus que celui de l'année précédente, selon les chiffres de la Banque Centrale de Tunisie (BCT).
Parmi les éléments qui ont contribué à constituer la charge de la dette extérieure tunisienne, on note, principalement, la volatilité des cours des monnaies, à l’échelle internationale, ce qui impacte mécaniquement le coût de remboursement de la dette libellée en devises étrangères et les conditions économiques internationales défavorables notamment la hausse des taux d'intérêt dans les principales économies mondiales.