Soldat à Tunis, captif à Alger, les aventures de Cervantes dépassent celles de son illustre créature Don Quichotte. De son expérience dans la captivité et de différentes formes de captivité, le nouveau colloque de Beït al-Hikma débattra.
« Tous furent frères de Cervantes : Les différentes formes de captivité à la première moitié de l’Epoque Moderne », est le thème d’un colloque international qui se déroule aujourd’huii et demain au siège de l’Académie tunisienne des sciences, des lettres et des arts « Beït al-Hikma ».
Organisé par les professeurs Raja Yassine Bahri (Beit al-Hikma) et Bernard Vincent (Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales – Paris) sous l’égide du département des Lettres de « Beit al-Hikma » et du réseau Red Columnaria, le colloque consacré au thème de la captivité et de l’esclavage sera marqué par la participation d’une équipe internationale et interdisciplinaire composée de chercheurs universitaires tunisiens, espagnols, italiens, français, algériens, marocains, turcs, américains et colombiens appartenant à de prestigieuses universités et d’académiciens du département des Lettres de Beït al-Hikma, de l’Université de Tunis, de l’Université d’Ankara, de l’Ecole des Hautes Etudes Sociales de Paris, de l’Université de Murcie, de Valladolid, de celle de Hassan II de Casablanca, de Limoges, de Alméria, de Pablo Olavide, des Etats-Unis, de Colombie, de l’Université Polytechniques Hauts de France, du Texas et de la State University.
Portant sur plusieurs volets -la captivité comme expérience, la captivité en Méditerranée, les espaces de captivité, la culture de la captivité-, et dans l’objectif de dépasser les cadres étroits, la rencontre vise à établir un bilan portant sur tout le bassin méditerranéen de Tunis à Naples et de Malaga à Istanbul, jusqu’en Amérique latine et de voir dans quelle mesure les pratiques méditerranéennes permettent la compréhension du phénomène de la captivité en vue de faire émerger éventuellement des recherches communes entre les deux rives de la Méditerranée.
Il est à constater que le captif le plus exceptionnel de l’âge moderne fut le célèbre Cervantès. Soldat à la Goulette, sur le chemin de retour en Espagne, en 1575, Miguel de Cervantès et son frère ont été capturés par des corsaires et jetés dans les prisons d’Alger. Cet épisode rocambolesque de la vie du futur auteur espagnol, durant lequel il a multiplié les tentatives d’évasion, inspirera son œuvre. Une œuvre écho de ses expériences, ses souffrances, ses mémoires et ses récits.
Dans ce sens, le colloque sera une occasion pour étudier les diverses formes de captivité dans les frontières méditerranéennes et européennes durant les siècles allant du 16ème au 18ème.