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La Grande Mosquée de Kairouan : Le plus bel édifice de la civilisation musulmane au Maghreb

Par Myriam Ben Salem-Missaoui

La Grande Mosquée de Kairouan, également appelée mosquée Oqba Ibn Nafii  en souvenir de son fondateur, est l'une des principales mosquées de Tunisie, située à Kairouan. Historiquement première métropole musulmane du Maghreb, Kairouan, dont l'apogée sur les plans politique et intellectuel se situe au IXe siècle, est réputée comme étant le centre spirituel et religieux de la Tunisie ; elle est aussi parfois considérée comme la quatrième ville sainte de l'islam sunnite.

Représentant l'édifice emblématique de la cité, sa Grande Mosquée reste le sanctuaire le plus ancien et le plus prestigieux de l'Occident musulman. Figurant, depuis le décret beylical du 13 mars 1912, sur la liste des monuments historiques et archéologiques classés et protégés en Tunisie, elle a également été classée, avec l'ensemble historique de Kairouan, au patrimoine mondial de l'Unesco en 1981.

Bâtie, initialement, par Oqba Ibn Nafii à partir de 670 (correspondant à l'an 50 de l'hégire), alors que la ville de Kairouan est fondée, elle est agrandie et reconstruite aux VIIIe et IXe siècles. Elle est considérée, dans le Maghreb, comme l'ancêtre de toutes les mosquées de la région, aussi bien que l'un des plus importants monuments islamiques et un chef-d'œuvre universel d'architecture.

D'un point de vue esthétique, la Grande Mosquée de Kairouan apparaît comme le plus bel édifice de la civilisation musulmane au Maghreb. Son ancienneté et la qualité de son architecture font d'elle un joyau de l'art islamique. Nombreux sont les ouvrages et les manuels d'art musulman qui font référence à la mosquée.

Au-delà de son importance artistique et architecturale, elle a joué, selon l'universitaire et islamologue tunisien Mohamed Talbi, « un rôle capital dans l'islamisation de tout l'Occident musulman, y compris l'Espagne, et la diffusion du malikisme ».

Sous le règne de la dynastie des Aghlabides (IXe siècle), de grands travaux de reconstruction et d'embellissement donnent à la mosquée sa physionomie actuelle. Remarquable par son unité d'ensemble ainsi que par ses vastes dimensions, la renommée et le prestige de ce lieu de prière provient, en outre, de sa contribution dans l'acquisition et la transmission du savoir, notamment entre les IXe et XIe siècles. L'université, constituée de savants et de juristes qui dispensent leurs enseignements au sein de la mosquée, est un centre de formation aussi bien pour l'instruction de la pensée musulmane que pour les sciences profanes. Avec le déclin de Kairouan, amorcé à partir de la seconde moitié du XIe siècle, le centre de formation intellectuelle se déplace par la suite vers l'université Zitouna de Tunis.

Le monument est un vaste quadrilatère irrégulier, allongé dans la direction nord-sud, qui est plus long (avec 127,60 mètres) du côté oriental que du côté opposé (avec 125,20 mètres) et moins large (avec 72,70 mètres) du côté nord, au milieu duquel se dresse le minaret, que du côté opposé (avec 78 mètres). Il s'étend sur une superficie totale d'environ 9 000 m2.

Histoire et évolutions 

Lors de la fondation de Kairouan en 670, le général et conquérant arabe Oqba Ibn Nafii (lui-même fondateur de la ville) choisit l'emplacement de sa mosquée au centre de la cité, à proximité du siège du gouverneur. Ce lieu de culte initial est élevé entre 670 et 675. Peu de temps après sa construction, la mosquée ne semble pas avoir souffert, entre 683 et 686, durant l'occupation éphémère de Kairouan par les Berbères menés par Koceïla48,. Par la suite, elle est reconstruite par le général ghassanide Hassan Ibn Numan en 703.

Avec l'accroissement progressif de la population de Kairouan et devant l'augmentation conséquente du nombre de fidèles, la mosquée ne suffisant plus à les contenir, Hicham, calife omeyyade de Damas, fait effectuer par l'intermédiaire de son gouverneur Bichr Ibn Safwan de nombreux travaux d'aménagement dans la ville. Ces derniers incluent la rénovation et l'élargissement de la mosquée aux alentours des années 724-728. En vue de son agrandissement, il procède, d'abord, à l'achat de terrains voisins appartenant au Banu Fihr, clan quraychite dont son plus illustre représentant est Oqba Ibn Nafii. Il fait ensuite abattre puis reconstruire la mosquée à l'exception de son mihrab ; c'est sous son égide que débute l'édification du minaret. En 774, une nouvelle reconstruction accompagnée de remaniements et d'embellissements, a lieu sous la direction du gouverneur abbasside Yazid Ibn Hâtim.

Sous le règne des souverains aghlabides, Kairouan est à son apogée et la mosquée profite de cette période de calme et de prospérité. En 836, Ziadet Allah Ier (817-838) fait reconstruire à nouveau, et pour la dernière fois, la mosquée ; c'est à cette époque que l'édifice acquiert, tout au moins dans sa globalité, l'aspect qu'on lui connaît aujourd'hui.

L'état actuel de la mosquée remonte donc au IXe siècle, au règne des Aghlabides. Au cours du XXe siècle, plusieurs actions de conservation et de restauration sont effectuées, d'abord entre 1910 et 1920 par le Service des antiquités et des arts de la Régence, puis lors de la première moitié des années 1960, notamment, en 1964-1965 par la direction des monuments historiques de l'Institut national d'archéologie et d'art.

En 1967, des travaux de restauration de grande ampleur, étalés sur cinq ans, sont lancés sur l'ensemble du monument. Ces derniers, menés par la direction des monuments historiques de l'Institut national d'archéologie et d'art avec la collaboration des architectes italiens Riccardo Gizdulich et Paolo Donati, s'achèvent par une réouverture officielle de la mosquée, en présence de Habib Bourguiba, premier président de la République tunisienne, et de son homologue algérien Houari Boumédiène, lors de la célébration du Mouled de l'année 1972. L'édifice connaît, au milieu des années 1980, des travaux complémentaires de restauration qui concernent essentiellement les murs extérieurs et leurs contreforts, les plafonds de la salle de prière, ainsi que le minaret.

M.B.S.M.

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