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Editorial : La voie du salut par le bushido…

L’Ecole nationale d’administration a abrité, vendredi dernier, une conférence sur le thème: «Le Japon après la Seconde Guerre mondiale : les politiques étrangères pour promouvoir le développement et la sécurité humaine». Organisé dans le cadre de l’initiative Jica Chair, cet événement a été animé par d’éminents professeurs japonais dans le but de partager l’histoire et l’expérience du pays du Soleil levant en matière de développement. L’intérêt d’une telle rencontre n’est pas à démontrer et les étudiants de l’ENA, qui sont promis à devenir les futurs hauts cadres de l’administration tunisienne, ont beaucoup à apprendre de la riche expérience nippone qui est, à bien des égards, remarquable et édifiante à plus d’un titre. On sait en effet que le Japon est sorti de la Seconde Guerre mondiale exsangue et partiellement détruit. Pour rappel, il a subi  les horreurs nucléaires à Hiroshima et Nagasaki dont il garde jusqu’à aujourd’hui les terribles séquelles. Mais le pays a réussi brillamment à se relever après cet épisode tragique de son histoire en un laps de temps relativement court. En effet, il a fallu moins de deux décennies pour que les Japonais remettent sur pied leur pays qui est devenu aujourd’hui l’une des plus puissantes économies mondiales. Le secret de cette remarquable résilience et ce miracle à la japonaise a pour noms volontarisme, souci d’efficacité, discipline, abnégation sur fond de réformes structurelles profondes et d’une nouvelle politique de relations étrangères qui ont été le catalyseur ayant permis de booster le développement industriel et la croissance économique.

L’expérience japonaise a ceci de particulier qu’elle constitue un bien bel exemple à suivre. Les enseignements qu’on peut d’ailleurs en tirer, c’est que tout devient possible quand la volonté de se surpasser et de faire preuve d’un volontarisme collectif dans l’intérêt de la nation est au rendez-vous. Il faut dire que le volontarisme, la discipline et le sacrifice pour le bien de la communauté sont une véritable culture au Japon héritée de leurs ancêtres à travers le bushido qui est le code des principes moraux que les guerriers nippons, les célèbres samouraïs, étaient tenus de respecter. Les sept vertus universelles et intemporelles du bushido qui signifie littéralement «la voie du guerrier» sont  le «Gi» ou rigueur, le «Yu» (courage), le «Yin» (bienveillance), le «Rei» (politesse ou respect), le «Makoto» (honnêteté ou sincérité), le «Meiyo» (honneur) et le «Chugi», c’est-à-dire la loyauté.

De par ses innombrables vertus morales, on est tenté de dire que l’adoption par la Tunisie du bushido en tant que code de bonne conduite, ne serait pas une mauvaise idée. Bien au contraire, cela ne pourrait faire que grand bien pour le pays, car ce qui manque cruellement chez nous c’est justement ce volontarisme collectif ainsi que l’honnêteté, l’honneur et la loyauté envers la Patrie ; des vertus qui ont fait du Japon ce qu’il est devenu aujourd’hui. Il ne faut pas généraliser bien sûr mais il faut reconnaître que toutes ces valeurs éminemment importantes pour le bien collectif sont malheureusement les parents pauvres chez bon nombre de nos concitoyens, particulièrement ceux qui relèvent de la classe politique. C’est pour cette raison d’ailleurs que la Tunisie se trouve aujourd’hui dans la mouise. Sans ces vertus, il ne faut pas se faire d’illusion, car on n’ira pas loin. Pour s’en sortir et quitter les bas fonds de l’incertitude et de la précarité, la Tunisie a ardemment besoin d’une véritable révolution des mentalités où la loyauté envers le pays, l’abnégation et le volontarisme dans l’intérêt de la collectivité doivent nécessairement primer. Au même titre que l’intégrité morale des décideurs qui sont appelés à penser au pluriel et non point au singulier, c’est-à-dire servir le pays et le peuple et non pas se servir.

Dans ce cadre, il est impératif d’entreprendre également et surtout des réformes profondes dans tous les secteurs et à tous les niveaux dans le cadre d’une stratégie globale qui passe par la révision du modèle de développement désuet actuellement en vigueur ainsi que la restructuration de l’administration et de toutes les structures économiques. Si nos amis japonais ont réussi à s’en tirer à bon compte, il n’y a aucune raison logique et recevable pour que les Tunisiens n’en fassent pas de même. A cœur vaillant, discipliné, altruiste et intègre, rien d’impossible, serait-on tenté de dire. Et ce ne sont certainement pas les valeureux samouraïs japonais qui vont contredire cette vérité…

C.B.

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