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L’Occident complice, l’atout macabre d’Israël Par Soufiane Ben Farhat

Et voilà, encore une condamnation légale internationale dont Israël se moque comme d’une guigne. Vendredi dernier, pour la troisième fois en l’espace en cinq mois, la Cour Internationale de Justice (CIJ) a rendu une Ordonnance en indication de mesures conservatoires dans l’affaire de l’application de la Convention pour la prévention et la répression du crime de Génocide dans la Bande de Gaza intentée par l’Afrique du Sud contre Israël. Auparavant, la CIJ avait rendu deux ordonnances similaires, le 24 janvier et le 28 mars 2024. Il y a eu, en plus, une décision rendue le 16 février 2024 par la même juridiction onusienne.

Il faut compter aussi les résolutions onusiennes à ce propos -au moins deux depuis trois mois- ainsi que celle du Conseil de sécurité ordonnant un cessez-le-feu immédiat dans la bande de Gaza. N’empêche, là aussi, Israël s’en moque comme fichtre. Il est fort en cela de l’inconditionnel soutien américain ainsi que de la majorité des pays occidentaux. Pour être criminel de guerre patenté et sans cesse pris en flagrant délit génocidaire et pour être en même temps arrogant à ce point, il faut bénéficier de solides appuis.

Entre-temps, le bilan macabre s’alourdit : plus de trente-six mille civils palestiniens tués, en majorité des femmes et des enfants, plus de vingt mille ensevelis encore sous les décombres, près de soixante-quinze mille mutilés, des charniers découverts au fil des jours, et j’en passe.

 

Mauvaise foi enrobée de fausse pudeur

C’est à peine si quelques États occidentaux, telle l’Espagne, signifient à Israël que les ordonnances de la CIJ sont contraignantes. Et le Conseil de sécurité n’est même pas saisi pour les rendre exécutoires. Déjà, ses propres résolutions demeurent lettre morte. Et aussi bien Israël que le gouvernement américain ont brandi l’incontournable veto américain au cas où Israël serait condamné de quelque manière que ce soit.

Autre illustration du soutien inconditionnel des principaux États occidentaux à Israël et à son génocide qui se poursuit à Gaza depuis huit mois : la condamnation par les dirigeants politiques occidentaux de la demande du procureur général de la Cour pénale internationale (CPI) Karim Khan de mandats d'arrêt pour crimes de guerre à l'encontre du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et du ministre israélien de la défense, Yoav Gallant. Les chefs d'accusation retenus contre eux le 20 mai dernier sont "la provocation à l'extermination, l'utilisation de la famine comme méthode de guerre en refusant l'acheminement de l'aide humanitaire, et le ciblage délibéré des civils dans le conflit".

Aussitôt, les principaux chefs politiques occidentaux ont condamné explicitement cette demande. Joe Biden a ainsi dénoncé une décision ”scandaleuse” à ses dires. “Je vais être clair : quoi qu'insinue le procureur, il n'y a pas d'équivalence entre Israël et le Hamas”. L’Allemagne a également critiqué “l'impression de fausse équivalence” tout en évoquant du bout des lèvres son respect de “l'indépendance” de la CPI.

De son côté, le chef de la diplomatie française Stéphane Séjourné a appelé à ne pas “créer d'équivalence entre […] un groupe terroriste qui s'est félicité des attentats du 7 octobre, qui les a revendiqués également de manière assumée… et un Etat démocratique, Israël, qui doit respecter le droit international dans la conduite d'une guerre qu'il n'a pas déclenchée lui-même”.

Ils sont fous ces gaulois comme dirait l’autre. De la mauvaise foi enrobée de fausse pudeur en somme.

 

Le procureur de la CPI menacé

En fait, le procureur de la Cour pénale internationale a déclaré avoir carrément reçu des menaces alors qu'il menait des enquêtes contre de hauts responsables israéliens. Dans une interview accordée à CNN, Karim Khan a déclaré il y a quelques jours qu’une personnalité de haut rang lui a dit que la Cour avait été "créée pour l'Afrique et pour des voyous comme Poutine ", et non pour l'Occident et ses alliés. "Certains dirigeants élus ont pris langue avec moi et ont été très virulents. ”Cette Cour a été créée pour l'Afrique et pour des voyous comme Poutine’, m'a dit l'un d'entre eux''. Des membres du Congrès américain lui ont signifié qu’ils le priveront, ainsi que tous les membres de sa famille, de visa pour les États Unis d'Amérique. Il n’en démord pas pour autant, pour l’instant du moins. “Nous ne procédons pas de cette manière", a-t-il affirmé, avant d'ajouter : "Cette Cour devrait être le triomphe du droit sur le pouvoir et la force brute : prendre ce que l'on peut, prendre ce que l'on veut, faire ce que l'on veut".

Si cette guerre de Gaza a quelque signification, c’est qu’elle remet les vérités fondamentales à l’ordre du jour. Sans fioritures, discours en trompe-l’œil ou faux-fuyants idéologiques. Aussi bien Israël, ramené à sa vocation meurtrière originelle, que l'Occident gorgé de fausse conscience pour les galeries crédules, sont mis à nu.

Israël profite jusqu’ici de la complicité occidentale non déguisée. Oui mais jusqu’à quand? D’autant plus que sa soldatesque piétine depuis plus de huit mois dans la seule bande de Gaza. Aucun de ses objectifs déclarés, et dont la réalisation devait prendre deux poignées de semaines, n’a été réalisé. Pire, il s’enlise dans une guerre sans fin et essentiellement contre-productive à tous égards. L’implosion interne menace, l’économie croule, la fausse image du mythe fondateur de l’éternelle victime se désintègre.

Et après, les Occidentaux viendront faire la leçon à l’humanité entière sur les droits de l’homme. Les droits de l’homme responsable politique occidental véreux et compromis en vérité contre les droits de l’humanité.

Ici et là, hélas, il se trouvera toujours quelques séides intéressés d’une manière ou d’une autre qui s’ingénient à faire gober comme des veaux ces prétendues universalités évidentes qui ne sont que l’enveloppe factice des dominations impériales.

S.B.F

 

 

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