L'économie circulaire se présente comme une réponse innovante et nécessaire aux défis environnementaux et socio-économiques que rencontre la Tunisie.
En intégrant des pratiques de réutilisation et de recyclage, ce modèle économique pourrait non seulement transformer la gestion des déchets, mais également stimuler la création d'emplois et favoriser la croissance économique. Alors que plusieurs initiatives émergent, le chemin vers une adoption généralisée de l'économie circulaire n’est pas évident.
Un plan national de mise en œuvre
Le gouvernement tunisien s'engage dans l'élaboration d'une stratégie nationale visant à intégrer les principes de l'économie circulaire dans divers secteurs. Des projets comme "ProtecT", soutenu par la GIZ, illustrent cette volonté en sensibilisant les acteurs locaux aux pratiques durables dans la gestion des déchets.
Ce projet inclut des formations pour les conseillers environnementaux au niveau communal, soulignant ainsi l'importance de l'éducation dans cette transition. Toutefois, l'absence d'une législation claire sur l'économie circulaire constitue un obstacle majeur à l'efficacité des initiatives existantes, limitant leur portée et leur impact.
Les parties prenantes
Les organisations non gouvernementales jouent un rôle fondamental dans la promotion de l'économie circulaire en Tunisie. Par exemple, Circul’R a lancé un programme de formation destiné aux communes pour encourager des pratiques durables.
De plus, les collecteurs informels de déchets, souvent sous-estimés et mal rémunérés, représentent un pilier essentiel du système de recyclage tunisien. Leur engagement démontre qu'un changement significatif peut se produire à la base, mais il est impératif qu'ils bénéficient d'un soutien institutionnel accru pour maximiser leur impact et leur efficacité.
Répercussions économiques
La transition vers une économie circulaire pourrait engendrer environ 100 000 nouveaux emplois et augmenter le produit intérieur brut (PIB) de 0,8%, selon les estimations de la Banque mondiale.
En optimisant la gestion des déchets et en développant des infrastructures adaptées au recyclage, la Tunisie a l'opportunité de réduire son empreinte écologique tout en revitalisant son économie. Des initiatives telles qu'Ecolef et Ecozit montrent comment le recyclage peut être intégré dans les pratiques industrielles, créant ainsi une valeur ajoutée tangible pour le pays.
Défis à surmonter
Malgré ces perspectives encourageantes, plusieurs obstacles entravent l'implémentation effective de l'économie circulaire en Tunisie. Le manque d'infrastructures adaptées demeure un problème majeur : une grande partie des déchets collectés est expédiée à l'étranger faute d'installations locales capables de trier et recycler efficacement ces matériaux.
Par ailleurs, la culture du recyclage n'est pas encore profondément ancrée dans les comportements quotidiens des Tunisiens, ce qui limite l'engagement citoyen et entrepreneurial envers cette nouvelle approche. Les coûts initiaux liés aux technologies de recyclage avancées représentent également une barrière significative pour les petites et moyennes entreprises (PME), dissuadant ainsi leur participation à cette transition.
L'économie circulaire constitue une voie stratégique pour la Tunisie afin d'assurer un avenir durable. En renforçant les capacités locales et en cultivant une culture du recyclage, le pays peut répondre à ses besoins environnementaux tout en dynamisant son économie. L'engagement collectif des acteurs publics et privés sera déterminant pour transformer cette vision en réalité tangible, ouvrant ainsi la voie à un développement économique respectueux de l'environnement