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Spécial Ramadan - L’histoire des prophètes : Moïse (Moussa) fuit l’Egypte (2/3)

« Quand il arriva au point d’eau de Madyan, il y trouva un attroupement de gens qui abreuvaient (leurs bêtes). Il y trouva également deux femmes qui se tenaient à l’écart en retenant (leurs troupeaux). Il leur dit : « Que faites-vous ici? » Elles répondirent : « Nous ne pouvons abreuver (nos troupeaux) qu’après le départ de ces bergers. Notre père est fort âgé. » Alors il abreuva les bêtes pour elles, puis se retira à l’ombre et dit : « Seigneur! J’ai grand besoin de tout le bien que tu pourrais faire descendre sur moi. » (Coran 28:22-24)

Après avoir marché plus d’une semaine à travers le désert brûlant, Moïse arriva à un point d’eau où des hommes abreuvaient leurs bêtes. Ils se bousculaient un peu, parlant fort et riant entre eux. Moïse se jeta au sol, sous un arbre, reconnaissant d’avoir enfin un peu d’ombre.

Comme il reprenait son souffle, il remarqua deux femmes accompagnées de leur troupeau de moutons. Elles se tenaient à l’écart, hésitant à s’approcher du point d’eau. En homme d’honneur, et même exténué et déshydraté, il ne pouvait supporter de voir ces femmes se tenir à l’écart, de crainte d’être bousculées si elles tentaient de s’approcher du point d’eau. Il alla vers elles et leur demanda pourquoi les hommes de leur famille ne s’étaient pas acquittés de cette tâche. Les deux jeunes femmes expliquèrent que leur père était âgé et que la tâche de s’occuper des moutons leur revenait, désormais. Il prit alors sur lui-même de guider leurs moutons jusqu’au point d’eau, où il se fraya aisément un chemin parmi les autres hommes.

Après avoir fait boire les bêtes, il sentit ses forces le quitter, car il était toujours sous l’effet du long voyage qu’il venait de faire. Il s’installa à l’ombre d’un arbre, à même le sol, et se mit à prier Dieu. Il dit : « Ô Seigneur, quel que soit le bien que Tu es en mesure de faire descendre vers moi, j’en ai sûrement besoin, en ce moment. » Et avant même qu’il ne termine son invocation, Dieu lui envoyait Son secours. Moïse, à ce moment, n’espérait probablement qu’une tranche de pain ou une poignée de dattes, mais Dieu lui apporta plutôt la sécurité, de la nourriture et une famille.

Un peu plus tard, une des deux femmes revint voir Moïse. Avec modestie et timidité, elle dit à Moïse : « Mon père aimerait vous récompenser pour votre gentillesse et il vous invite donc chez nous. » Moïse se leva et la suivit jusque chez son père. Une fois sur place, il s’installa avec le vieil homme et lui raconta son histoire. Ce dernier apaisa ses craintes et lui confirma qu’il avait bel et bien traversé la frontière égyptienne; il se trouvait maintenant à Madyan et à l’abri des autorités qui étaient à ses trousses.

Après que Moïse eût été invité à rester en compagnie de la famille, une des filles demanda à parler à son père en privé et elle lui suggéra alors d’embaucher Moïse. Lorsque son père lui demanda pourquoi, elle lui répondit qu’il était physiquement fort et digne de confiance.

Le vieil homme décida donc d’offrir à Moïse la sécurité et le confort de sa propre famille et il lui proposa une de ses filles en mariage à une condition : qu’il travaille pour lui (le père) pour une période de huit ans, ou de dix ans si Moïse acceptait de rester deux années de plus. Moïse était un étranger dans une contrée étrangère. Il se sentait seul et à bout de forces, mais Dieu avait entendu son invocation et lui avait apporté soutien, sécurité et confort d’une source qu’il n’aurait jamais soupçonnée. Il dit : « Je voudrais te marier à l’une de mes deux filles que voici, à condition que tu travailles à mon service pour une durée équivalente à huit pèlerinages. Si tu veux en prolonger le délai jusqu’à dix, ce sera de ton propre gré, car je ne veux rien t’imposer d’excessif. Si Dieu le veut, tu trouveras en moi un homme de bien. » Moïse répondit : « Voilà qui est convenu entre nous. Quel que soit celui des deux termes que j’accomplirai, qu’il n’y ait aucune injustice contre moi.

Et Dieu est garant de ce que nous disons. » (Coran 28:26-28)

En tant que croyants, nous ne devons jamais oublier que Dieu entend toutes nos prières et nos invocations et qu’Il y répond, à Sa façon. Parfois, la sagesse derrière la réponse que nous recevons se situe au-delà de notre compréhension, mais nous devons garder à l’esprit que Dieu ne souhaite que notre bien.

Placer notre confiance en Dieu et nous soumettre à Sa volonté nous permet de faire face à toute situation et de rester fermement debout face à l’adversité. Nous ne sommes jamais seuls, tout comme Moïse n’était pas seul lorsqu’il traversa le désert, fuyant la seule vie et la seule contrée qu’il eût jamais connues.

Moïse et Pharaon

Au cours d’une nuit, près du Mont Tour, Dieu conféra à Moïse sa mission prophétique. Et Son premier ordre à Moïse fut d’aller voir Pharaon : « Rends-toi auprès de Pharaon, car il a transgressé toutes les limites.» (Coran 20:24)

Moïse avait fui l’Égypte car il craignait pour sa vie. Puis, il avait passé dix ans dans un pays qui n’était pas sous la juridiction de Pharaon.

Maintenant, Dieu lui ordonnait d’aller affronter sa plus grande peur, de se rendre devant Pharaon, devant celui qui, Moïse en était sûr, allait le faire exécuter. Moïse ressentit à nouveau, tout au fond de lui, la peur qui ne l’avait pas quitté durant son long voyage de fuite à travers le désert. Il répondit à Dieu : « Seigneur, dit Moïse, j’ai tué un des leurs et je crains qu’ils ne me tuent. » (Coran 28:33)

Moïse avait peur, mais il savait également que Dieu était parfaitement capable de le soutenir et de le protéger au cours de cette mission qui pouvait paraître, à prime abord, quasi impossible. Moïse pria Dieu, il L’implora de lui donner la force de passer au travers de cette épreuve et de la lui faciliter. Il demanda à Dieu de lui ouvrir le cœur et de lui accorder une belle éloquence et une grande confiance en lui-même. Il demanda également à être accompagné d’une personne fiable, son propre frère, Aaron, prophète comme lui.

Ce dialogue entre Dieu et Moïse est l’un des plus extraordinaires rapportés dans le Coran. Les paroles de Dieu sont transmises avec éloquence et clarté. Elles dépeignent un homme fort mais humble, fasciné par sa rencontre avec Dieu. De ces paroles, nous comprenons, nous ressentons que Dieu est Tout-Puissant et Omnipotent, mais aussi plein de miséricorde et d’amour envers Ses serviteurs.

« Moïse dit : « Seigneur! Fais que ma poitrine s’ouvre à Ta révélation et facilite ma mission. Débarrasse-moi de mon défaut d’élocution afin qu’ils comprennent mes paroles.

Donne-moi un assistant, parmi les membres de ma famille et (que ce soit)Aaron, mon frère. Accrois par lui ma force! Associe-le à ma mission, afin que Nous puissions Te glorifier et T’invoquer encore plus, car Tu es Celui qui toujours nous observe. »

Dieu dit : « Ta demande est exaucée, ô Moïse. Et en vérité, Nous t’avons déjà favorisé, une première fois, lorsque Nous révélâmes à ta mère : « Mets-le dans un coffre, puis jette celui-ci dans la rivière afin qu’elle le rejette sur une autre rive; un ennemi à Moi et à lui le recueillera.

» Je te faisais aimer de tous, par un effet de Ma bonté, afin que tu sois élevé selon Ma volonté.

Et voilà qu’un jour, ta sœur vint dire : « Puis-je vous indiquer une nourrice pour s’en occuper? ».

Ainsi Nous te rendîmes à ta mère afin que son œil se réjouisse et qu’elle ne s’afflige plus. Plus tard, tu tuas un individu et Nous te libérâmes des craintes qui t’oppressaient. Et Nous t’imposâmes plusieurs épreuves (difficiles). Puis tu demeuras plusieurs années durant parmi les habitants de Madyan. Et ensuite tu vins ici, ô Moïse, conformément à (Mon) décret. Je t’ai formé pour être à Mon service.

Partez, toi et ton frère, [tous deux appuyés de] Mes signes, et ne cessez pas de M’invoquer.

Allez tous deux trouver Pharaon; il a certes transgressé (toutes les limites). Et parlez-lui gentiment; peut-être prêtera-t-il attention ou Me craindra-t-il. » Ils dirent : « Notre Seigneur! Nous craignons qu’il ne s’emporte contre nous ou qu’il ne se livre à quelques excès. »

Il dit : « Ne craignez rien. Je suis avec vous; J’entends et Je vois tout. Allez le trouver et dites-lui : « Nous sommes tous deux des messagers de ton Seigneur. Laisse partir avec nous les enfants d’Israël et ne les tourmente plus. Nous t’apportons un signe de notre Seigneur. Et que la paix soit sur quiconque suit le droit chemin! Certes, il nous a été révélé que le châtiment frappera celui qui rejette la foi et s’en détourne. » (Coran 20:25-48) 

Moïse : la mission

Moïse et Aaron se rendirent ensemble chez Pharaon et lui transmirent le message de Dieu. Moïse parla de Dieu à Pharaon, de Sa miséricorde et de Son Paradis, et de l’obligation, pour l’homme, de n’adorer que Dieu, de manière exclusive. Moïse s’adresse poliment à Pharaon, il lui parle de Dieu, mais Pharaon réagit avec mépris et arrogance. Il rappelle à Moïse son crime passé et lui demande de se montrer reconnaissant d’avoir été élevé au palais, dans le luxe et l’abondance. Moïse s’excuse au sujet du crime, affirmant avoir tué un innocent à un moment où il était encore ignorant et fait remarquer qu’il n’a été élevé au palais que parce qu’il lui était impossible de vivre avec sa propre famille, à cause de la discrimination de Pharaon, qui ordonnait que l’on tue les nouveau-nés de sexe masculin.

« Je l’ai fait, dit Moïse, alors que j’étais encore du nombre des égarés. Et, vous craignant, je me suis enfui. Puis, mon Seigneur m’a donné la sagesse et m’a élu au nombre de Ses messagers. Est-ce là une faveur du passé [que tu me rappelles] avec reproche, alors que tu as asservi les enfants d’Israël? »

Qu’est-ce que ce Seigneur des mondes? », demanda Pharaon. « Le Seigneur des cieux et de la terre, dit Moïse, et de tout ce qui existe entre les deux. Si seulement vous pouviez en être convaincus! » (Pharaon) dit à ceux qui l’entouraient : « N’entendez-vous pas? » Moïse continua : « … Votre Seigneur et le Seigneur de vos ancêtres… ». Pharaon dit : « Certes, ce messager qui vous a été envoyé est un fou! »

(Moïse continua) : « … Le Seigneur de l’Orient et de l’Occident et de tout ce qui se trouve entre les deux. Si seulement vous compreniez! » « Si tu adoptes, dit (Pharaon), un autre dieu que moi, je te ferai prisonnier! » Moïse répondit : « Et même si je t’apportais une preuve évidente [et convaincante]? » Pharaon répliqua : « Apporte-la, si tu es du nombre des véridiques. » (Coran 26:20-31)

Pharaon commença par se moquer de Moïse, pour ensuite lui reprocher de se montrer ingrat et finalement le menacer. À cette époque, en Égypte, de nombreuses personnes pratiquaient la magie. Il existait même des écoles où l’on enseignait la magie et l’illusion. Pharaon fit donc une déduction erronée : il croyait que les signes que Moïse lui montrait, par la permission de Dieu, étaient en fait de la magie.

Quand Moïse jeta son bâton et que celui-ci se trans- forma en un serpent rampant au sol et lorsqu’il retira sa main de son vêtement et qu’elle se mit à briller, Pharaon en conclut que Moïse était versé dans la magie. Ibn Kathir rapporte que Pharaon garda Moïse et Aaron captifs pendant qu’il envoyait chercher les meilleurs magiciens d’Égypte. Il promit à ces derniers prestige et richesse en échange de leurs illusions.

C’est alors qu’une sorte de compétition fut organisée entre Moïse et les magiciens.

« Il (Pharaon) dit : « Es-tu venu avec ta magie pour nous chasser de notre pays, ô Moïse? Nous pouvons certainement produire une magie semblable. Fixe un rendez-vous entre nous, que nous observerons tous deux sans faute, dans un endroit convenant à chacun. » Alors Moïse dit : « Votre rendez-vous aura lieu le jour de la fête. Et que les gens se rassemblent dès le matin. » (Coran 20:57-59) Moïse demanda aux magiciens de s’exécuter les premiers. Il a été rapporté qu’il y avait près de 70 magiciens attendant leur tour. Les magiciens jetèrent leurs bâtons et leurs cordes au nom de Pharaon et, sur le sol, se mirent à grouiller et à ramper des dizaines de serpents. La foule écarquilla les yeux de stupeur. Moïse dut ressentir de la crainte, mais il avait confiance en Dieu et en Sa protection. Dieu apporta la tranquillité dans son cœur et ordonna à Moïse de jeter son bâton. Par la permission de Dieu, le bâton de Moïse se transforma en un gigantesque serpent qui avala prestement tous les autres serpents qui rampaient au sol. La foule se leva comme un seul homme, acclamant Moïse. Les magiciens demeurèrent bouche bée; ils étaient très versés dans leur art, mais ils savaient bien que leurs serpents n’étaient que des illusions. Ils comprirent vite que le serpent de Moïse était, lui, bien réel. C’est alors qu’ils tombèrent prosternés, attestant de leur croyance en Dieu, le Seigneur de Moïse et d’Aaron. « [Voyant cela], les magiciens se jetèrent prosternés en s’écriant : « Nous croyons au Seigneur d’Aaron et de Moïse! » Pharaon dit : « Croyez-vous en lui avant que je ne vous y autorise? Ce doit être lui votre chef, qui vous a enseigné la magie! Je vous ferai sûrement couper mains et pieds opposés et je vous ferai crucifier aux troncs des palmiers; et vous saurez, avec certitude, qui de nous [peut infliger] le châtiment le plus sévère et le plus durable! » Ils dirent : « Nous ne pouvons plus, maintenant, te mettre au-dessus de ces preuves claires qui nous ont été présentées, ni au-dessus de Celui qui nous a créés. Décrète donc ce que tu veux décréter. Tes décrets ne toucheront que notre vie d’ici-bas. Certes, nous croyons en notre Seigneur, afin qu’Il nous pardonne nos péchés ainsi que la magie à laquelle tu nous as contraints. Dieu est meilleur et éternel. » (Coran 20:70-73) Ce jour-là, ces magiciens s’étaient levés en tant que mécréants corrompus, que seuls l’argent et la reconnaissance intéressaient. Et, en l’espace de quelques heures à peine, ils étaient devenus croyants et s’étaient repentis, ayant reconnu la vérité, ayant vu de leurs propres yeux les signes de l’omnipotence de Dieu. Dieu est le Tout-Miséricordieux et Il pardonne à quiconque se tourne vers Lui sincèrement repentant. Moïse et Aaron quittèrent les lieux. Les magiciens furent condamnés à mort, leurs corps exposés aux passants afin de servir de leçon. Pharaon retourna à son palais avec, au cœur, une rage grandissante. Il se querella avec ses ministres et ses conseillers. Il les renvoya, puis les fit appeler à nouveau. Il se tourna vers son premier ministre et lui demanda : « Suis-je un menteur, ô Haman? ». Pharaon avait érigé son royaume sur l’affirmation selon laquelle il était Dieu; qu’allait-il faire, maintenant que Moïse avait démontré qu’il n’existe pas d’autre dieu que le seul véritable Dieu? « Alors Pharaon dit : « Ô Haman! Bâtis-moi une tour; peut-être atteindrai-je les voies, les voies des cieux, et [peut-être] apercevrai-je le Dieu de Moïse, bien que je considère celui-ci comme un menteur. » C’est ainsi que la mauvaise action de Pharaon lui parut enjolivée, et il fut détourné du droit chemin. Et son stratagème se solda par (sa propre) ruine. » (Coran 40:36-37) 

 

 

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