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L'économie bleue : Nouveau levier de développement

Avec ses 1 300 km de côtes et une position stratégique en Méditerranée, la Tunisie est dotée d’un potentiel maritime exceptionnel.

L’économie bleue, qui englobe des secteurs allant du tourisme côtier à l’énergie marine, pourrait transformer profondément le modèle économique du pays. Pourtant, malgré ses promesses, ce secteur reste sous-exploité, freiné par un manque de vision intégrée et d’investissements stratégiques.

Le tourisme côtier : un moteur de croissance

Le tourisme côtier est la pierre angulaire de l’économie bleue tunisienne, représentant jusqu’à 80 % de ses activités. Des millions de visiteurs affluent chaque année pour profiter des plages, des sites archéologiques et de la richesse culturelle du pays. Cependant, cette manne touristique repose sur un écosystème fragile, menacé par l’urbanisation non contrôlée, la pollution marine et les effets du changement climatique.

Des initiatives comme le projet européen Co-Evolve4BG, qui vise à promouvoir la gestion intégrée des zones côtières, mettent en lumière la nécessité d’un tourisme durable. Cela inclut l’aménagement de plages écoresponsables, le développement d’activités écotouristiques et l’implication des communautés locales dans la préservation des écosystèmes. Une telle démarche permet non seulement de protéger les ressources naturelles, mais aussi de répondre à une demande croissante pour des expériences touristiques authentiques et respectueuses de l’environnement.

Pêche et aquaculture : atouts considérables

La pêche est un secteur emblématique pour de nombreuses communautés tunisiennes, mais il est aujourd’hui à la croisée des chemins. La surexploitation des ressources maritimes, l’utilisation de techniques destructrices et le changement climatique ont fragilisé les stocks de poissons. Ces problématiques mettent en péril l’économie locale et la sécurité alimentaire nationale.

Face à ces problèmes, l’aquaculture offre une réponse innovante. Elle permet de produire des poissons et fruits de mer tout en limitant la pression sur les écosystèmes naturels. Cependant, cette activité nécessite des investissements technologiques et une réglementation stricte pour garantir des pratiques durables. La Tunisie pourrait s’inspirer d’exemples réussis dans des pays méditerranéens voisins, comme la Grèce ou l’Espagne, où l’aquaculture contribue à la fois à l’emploi et à la préservation des ressources. En intégrant cette filière dans une stratégie globale, le pays peut bâtir un modèle où tradition et modernité se complètent harmonieusement.

Énergies renouvelables maritimes

Les énergies marines renouvelables représentent une opportunité stratégique pour diversifier l’économie tunisienne tout en s’attaquant aux enjeux climatiques. Le potentiel est immense, qu’il s’agisse de l’éolien offshore, du solaire flottant ou des technologies houlomotrices, exploitant l’énergie des vagues et des courants marins. Ces solutions innovantes offrent à la Tunisie une occasion unique de conjuguer croissance économique et transition énergétique.

L’éolien offshore, par exemple, pourrait tirer parti des vents réguliers qui soufflent le long des côtes tunisiennes. Ce type d’installation, déjà en plein essor en Europe, pourrait produire de l’électricité à grande échelle, répondant ainsi aux besoins énergétiques croissants du pays tout en réduisant sa dépendance aux combustibles fossiles. Des zones comme le golfe de Gabès pourraient accueillir de tels projets, combinant des conditions climatiques favorables et une proximité avec les infrastructures existantes.

Le solaire flottant, quant à lui, est une option particulièrement pertinente pour la Tunisie, qui bénéficie d’un ensoleillement abondant. En installant des panneaux solaires sur des plans d’eau ou en mer, cette technologie maximise l’utilisation des espaces disponibles tout en augmentant l’efficacité des systèmes grâce au refroidissement naturel offert par l’eau.

Par ailleurs, les technologies d’énergie houlomotrice et marémotrice restent encore largement inexplorées mais présentent un fort potentiel. Ces solutions pourraient être intégrées à des projets pilotes dans des régions spécifiques, permettant à la Tunisie de se positionner comme un acteur pionnier en Méditerranée.

Pour que l’économie bleue devienne une réalité, une approche intégrée et coordonnée est nécessaire. Cela implique une coopération entre les différents secteurs économiques, une réglementation claire pour éviter les conflits d’usage des ressources marines et des investissements dans la recherche scientifique. Les fonds internationaux, comme ceux de l’Union européenne ou des agences environnementales mondiales, pourraient jouer un rôle clé dans le financement de projets structurants.

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