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Sécurité au travail : Atouts et enjeux socio-économiques

En 2023, la Tunisie a enregistré un nombre préoccupant de 120 accidents de travail mortels, une hausse de 17% par rapport à l'année précédente.

Ce phénomène, qui semble se poursuivre en 2024, soulève des inquiétudes quant aux conditions de travail dans le pays. Les statistiques publiées par la Caisse Nationale d’Assurance Maladie (CNAM) mettent en lumière des lacunes significatives dans la sécurité au travail, particulièrement dans les secteurs les plus exposés tels que le bâtiment et les travaux publics.

Normes de sécurité

Les accidents de travail en Tunisie sont souvent le résultat de manquements aux normes de sécurité. Les inspections des conditions de santé et de sécurité sont jugées insuffisantes, avec une absence d'intervention dans près de 11% des entreprises à haut risque.

Les chutes de hauteur, les chocs électriques et les écrasements entre machines figurent parmi les causes principales des accidents mortels. De plus, la non-conformité aux normes d'hygiène et de sécurité est fréquente, exacerbant ainsi le risque pour les travailleurs. Dans un contexte où le secteur du bâtiment et des travaux publics représente à lui seul 25% des accidents mortels, il est urgent d'adopter des mesures préventives efficaces.

Plus de 80 % des accidents se sont concentrés dans huit gouvernorats : Sfax, Ben Arous, Sousse, Monastir, Nabeul, Tunis, Bizerte et Gabès. Cette concentration géographique souligne l'importance d'une approche ciblée pour améliorer la sécurité au travail dans ces régions.

Il est à noter que 95% des accidents déclarés se sont produits en milieu professionnel, tandis que seulement 5% ont eu lieu sur la route du travail. Environ 25 % des accidents mortels ont eu lieu dans le secteur du bâtiment et des travaux publics (BTP), représentant 31 accidents.

Enjeux et conséquences

Les conséquences des accidents de travail vont bien au-delà des blessures physiques. Les victimes souffrent souvent d'incapacités temporaires ou permanentes, affectant non seulement leur qualité de vie mais aussi celle de leurs familles.

Le système d'indemnisation, déjà critiqué pour son inefficacité, peut prendre jusqu'à huit ans pour verser des compensations aux victimes et à leurs ayants droit. Ce retard crée un sentiment d'injustice parmi les travailleurs, aggravant leur situation financière et sociale. Les familles touchées par ces tragédies doivent faire face à des défis quotidiens accrus, rendant leur réinsertion dans la vie active encore plus difficile.

Coût économique

L'augmentation des accidents du travail a également un coût économique significatif. En plus des indemnités versées aux victimes, les entreprises subissent des pertes dues à l'absence prolongée de travailleurs et aux coûts liés à la mise en conformité avec les normes de sécurité.

Les indemnités pour accidents mortels et maladies professionnelles ont été estimées à environ 11 millions de dinars tunisiens en 2023. La Cour des comptes a mis en garde contre l'inefficacité du système d'indemnisation, qui pourrait entraîner des pertes encore plus importantes pour l'économie nationale si des mesures correctives ne sont pas mises en œuvre rapidement.

Gérer l’impact

La situation actuelle appelle à une réévaluation urgente des politiques de sécurité au travail en Tunisie. Il est impératif d'améliorer les normes de sécurité et d'accroître la fréquence et la rigueur des inspections dans les secteurs à haut risque. Une sensibilisation accrue sur les bonnes pratiques en matière de sécurité pourrait également contribuer à réduire le nombre d'accidents.

En parallèle, il est essentiel d'optimiser le système d'indemnisation pour garantir un soutien rapide et efficace aux victimes et à leurs familles. La protection des travailleurs doit devenir une priorité pour assurer non seulement leur bien-être mais aussi celui de l'économie tunisienne dans son ensemble.

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