Les petites et moyennes entreprises (PME) en Tunisie jouent un rôle fondamental dans l'économie nationale.
Elles représentent plus de 95 % du tissu entrepreneurial et contribuant à environ 50% du produit intérieur brut (PIB). Cependant, malgré leur importance, ces entreprises font face à des obstacles considérables qui entravent leur développement et leur pérennité.
Un secteur vital
Les PME tunisiennes sont souvent considérées comme le moteur de l'économie. Elles génèrent plus de 70 % des emplois dans le secteur privé et sont essentielles à la création d'innovations et d'opportunités économiques. Toutefois, ces entreprises souffrent d'un accès limité au financement, un problème qui s'est aggravé ces dernières années.
Selon les données de la Banque mondiale, la proportion d'entreprises signalant le manque de financement comme un obstacle majeur a presque doublé entre 2013 et 2020. Cette situation a conduit à une augmentation alarmante du nombre de faillites, mettant en péril non seulement les entreprises elles-mêmes, mais aussi les emplois qu'elles créent.
Défis à lever
L'accès au financement est sans doute l'un des principaux freins à la croissance des PME tunisiennes. D’après des études récentes, le pourcentage d'entreprises considérant le manque de financement comme un obstacle majeur a presque doublé entre 2013 et 2020, passant de 21,9% à 43,9%.
Les banques, souvent réticentes à accorder des crédits aux petites entreprises en raison de leur fragilité financière, exacerbent cette situation. Ce durcissement des conditions d'accès aux crédits a conduit à une augmentation alarmante des faillites au sein de ce secteur vital. En effet, environ 200 000 PME étaient en situation de faillite en 2023, un chiffre qui illustre la gravité de la crise.
Un autre obstacle majeur réside dans le manque de compétences professionnelles au sein des PME. La dégradation du système éducatif et le taux élevé de décrochage scolaire ont contribué à une main-d'œuvre souvent mal qualifiée. Ce phénomène limite non seulement la productivité des entreprises, mais également leur capacité à innover et à s'adapter aux exigences du marché.
Les PME se trouvent donc dans une position délicate, où elles doivent non seulement faire face à la concurrence accrue, mais aussi investir dans la formation de leurs employés pour rester compétitives.
Enfin, les réglementations strictes du marché du travail représentent un défi supplémentaire. Ces règles poussent souvent les entreprises à se tourner vers l'économie informelle pour réduire leurs coûts. En conséquence, les PME formelles se retrouvent désavantagées par rapport à celles qui opèrent en dehors du cadre légal, ce qui nuit à la compétitivité globale du secteur. La complexité des procédures administratives et les lourdeurs bureaucratiques sont également citées comme des freins significatifs au développement des PME.
Attentes de la loi n°41-2024
Pour revitaliser le secteur des PME en Tunisie, il est essentiel que le gouvernement mette en œuvre des politiques proactives. Cela nécessite l'établissement de mécanismes financiers adaptés qui facilitent l'accès au crédit et encouragent l'innovation.
Des initiatives comme l'Initiative Équipe Europe, qui investit près de 270 millions d'euros pour soutenir les PME tunisiennes, témoignent d'une volonté d'améliorer la situation. Toutefois, ces efforts doivent s'accompagner d'une réforme administrative visant à simplifier les procédures et à réduire les coûts liés à la création et à la gestion des PME.
Les PME tunisiennes se trouvent à un moment charnière. Leur capacité à surmonter les obstacles actuels dépendra non seulement des mesures adoptées par le gouvernement et les institutions financières, mais également de leur propre résilience et de leur capacité d'innovation. En soutenant ce secteur dynamique, la Tunisie peut renforcer son économie tout en offrant des perspectives d'emploi durables pour ses citoyens.
La récente loi n°41-2024, notamment son article 412 ter, qui vise à réduire le taux d'intérêt sur les prêts à long terme, apporte un espoir de soulagement pour de nombreux emprunteurs, en particulier les petites et moyennes entreprises. Cette mesure concerne les emprunts d'une durée supérieure à sept ans et s'applique aux prêts ayant déjà trois années de remboursement pour des taux d'intérêt supérieurs à 8 %.