La Tunisie fait face à des défis économiques persistants, comme le révèle le dernier rapport de la Banque africaine de développement (BAD) sur les perspectives économiques en Afrique pour 2024.
Au cœur de ces enjeux, le chômage se dresse comme un obstacle majeur touchant particulièrement les jeunes et les femmes.
Etat des lieux
Le rapport de la BAD dresse un tableau contrasté de l'emploi en Tunisie. Au quatrième trimestre 2023, le taux de chômage s'élevait à 16,4%, un chiffre qui masque des disparités encore plus marquées. Les jeunes de 15 à 24 ans sont les plus durement touchés, avec un taux de chômage atteignant 40,9%. Cette situation soulève des questions sur la capacité de la jeunesse à intégrer dans le tissu économique.
Les femmes ne sont pas épargnées par cette crise de l'emploi, avec un taux de chômage de 22,2%. Ce chiffre révèle les obstacles à l'égalité des chances sur le marché du travail tunisien, malgré les progrès réalisés en matière de droits des femmes depuis l'indépendance.
Paradoxalement, les diplômés de l'enseignement supérieur affichent un taux de chômage de 23,2%, supérieur à la moyenne nationale. Ce phénomène souligne un décalage entre le système éducatif et les besoins réels du marché du travail.
Réalités régionales
Le rapport met également en lumière de fortes disparités régionales. Les régions intérieures du pays sont particulièrement affectées par le chômage, creusant l'écart avec les zones côtières.
Cette disparité territoriale se reflète aussi dans les taux de pauvreté : 26% dans les zones rurales contre seulement 6,3% dans les grands centres urbains.
Aux origines des défis
Les causes de cette situation sont multiples et complexes. La croissance économique peine à créer des emplois pour absorber les nouveaux entrants sur le marché du travail. Les rigidités structurelles et la prédominance du secteur informel freinent la dynamique de l'emploi. Pour les femmes, les responsabilités familiales et les discriminations persistantes constituent des obstacles supplémentaires à l'insertion professionnelle.
Nouveaux perspectives
Face à ces problèmes, la Tunisie se trouve à un carrefour. Des réformes profondes sont nécessaires pour stimuler la création d'emplois, notamment dans les secteurs innovants. L'amélioration de l'adéquation entre formation et besoins du marché du travail, le développement de l'entrepreneuriat, et la mise en place de politiques actives d'emploi ciblant les jeunes et les femmes apparaissent comme des pistes prometteuses.
La réduction des inégalités régionales, par le biais d'investissements ciblés et de politiques de décentralisation, est également cruciale pour un développement économique équilibré du pays.
L'avenir économique de la Tunisie repose sur sa capacité à mobiliser pleinement son capital humain, en particulier sa jeunesse éduquée et ses femmes.