La part des dépenses de transport dans le budget des ménages tunisiens a connu une hausse importante ces dernières années, reflétant les transformations économiques, sociales et infrastructurelles du pays.
Cette évolution s'explique par de multiples facteurs clés, notamment la croissance du parc automobile, l'insuffisance des transports publics, la dégradation des conditions de circulation et les changements économiques. Ensemble, ces éléments soulignent la nécessité d'une réforme en profondeur du système de transport pour alléger le fardeau financier pesant sur les ménages et améliorer la qualité de vie des citoyens.
Parc automobile en expansion
L'essor de l'automobile est l'un des principaux moteurs de l'augmentation de la part des dépenses de transport. En effet, le taux d'équipement des ménages en véhicules a considérablement augmenté.
Cette tendance a entraîné une hausse des dépenses liées à l'utilisation des véhicules personnels, notamment pour l'entretien, la réparation et le carburant, qui ont vu leurs prix augmenter de manière significative par rapport à l'inflation. Cela a conduit à une part croissante des dépenses de transport dans le budget des ménages, qui s'élevait à près de 13% à fin juin 2024 selon l’INS.
Transports publics
Un autre facteur déterminant est l'insuffisance de l'offre de transport public. La dégradation de la qualité et de la quantité des services de transport collectif a poussé de nombreux ménages à se tourner vers des moyens de transport individuels.
Les transports collectifs, qui sont financés à 70% par les usagers, peinent à couvrir leurs coûts, ce qui entraîne des déficits chroniques pour les entreprises publiques de transport. Cette situation est exacerbée par l'absence d'une tarification unique et simplifiée, rendant l'utilisation des transports publics moins attrayante.
La congestion routière, particulièrement dans les grandes villes comme Tunis et Sfax, représente un coût additionnel pour les ménages. La forte augmentation du nombre de déplacements quotidiens, qui a crû de 13% en trois ans, a engendré des conditions de circulation difficiles, augmentant ainsi le temps et les coûts associés aux déplacements. Cela a également des répercussions sur les niveaux de pollution, contribuant à une externalité négative qui affecte la qualité de vie des citoyens.
Variables économiques et sociales
Les changements économiques, tels que l'augmentation des revenus et des distances parcourues, jouent également un rôle dans l'évolution de la part du transport dans le budget des ménages.
Bien que les prix du carburant aient augmenté, la hausse des distances parcourues a eu un impact plus significatif sur les dépenses de transport, rendant cette catégorie de dépenses plus prépondérante dans le budget familial. Par exemple, la capacité d'achat de carburant par rapport au salaire minimum a évolué, rendant le coût du transport plus lourd pour les ménages.
La part du transport dans le budget des ménages en Tunisie est influencée par une combinaison de facteurs, notamment la croissance du parc automobile, l'insuffisance des services de transport public, la congestion routière et les dynamiques économiques. Ces éléments interconnectés soulignent la nécessité d'une réforme et d'une amélioration des infrastructures de transport pour alléger la pression financière sur les ménages et améliorer la qualité de vie urbaine.