La note de la Banque Centrale de Tunisie (BCT) sur les évolutions économiques et monétaires et les perspectives de l'inflation parue récemment, met en lumière les principaux défis et opportunités auxquels le pays est confronté dans sa recherche de stabilité macroéconomique et de croissance durable.
En dépit des défis exogènes, les données publiées révèlent clairement que la Tunisie a d’importants potentiels pour transformer et renforcer son économie et ce, en particulier à travers la réalisation d’investissements et durables.
Conjoncture internationale
En mai 2024, les prix internationaux des principaux produits de base ont enregistré une augmentation graduelle et quasi-généralisée. Cette tendance est survenue dans un contexte d'amélioration progressive de la croissance économique mondiale durant le premier trimestre de 2024.
Malgré une détente de l'inflation mondiale, les taux d'inflation demeurent supérieurs aux cibles des principales banques centrales. Par conséquent, les cycles d'assouplissement monétaire dans les principales économies sont restés lents et graduels, en raison de la persistance de l'inflation à des niveaux élevés.
Contexte national
En Tunisie, le PIB a enregistré une croissance modeste de 0,2% au premier trimestre 2024, par rapport à une stagnation observée au trimestre précédent.
Excluant le secteur agricole, le taux de croissance a ralenti à 0,1% après avoir atteint 1% au quatrième trimestre de 2023. Cette croissance modeste est indicative des défis économiques persistants dans le pays.
Détente graduelle de l'inflation
Les prévisions actuelles suggèrent une détente graduelle de l'inflation à court et moyen terme, bien que les taux d'inflation resteront élevés. Cette décélération lente est attribuée à plusieurs facteurs, notamment les hausses des coûts salariaux et les pressions de la demande sur les capacités de production, particulièrement dans le secteur agricole. Les baisses antérieures des prix internationaux des matières premières devraient soutenir cette tendance à court terme.
Cependant, le renforcement récent des prix internationaux pourrait influencer négativement l'inflation en 2025. De plus, les contraintes financières croissantes sur le budget de l'État et l'augmentation des dépenses de fonctionnement pourraient nécessiter des ajustements à la hausse de certains prix administrés.
Paramétrées de l’indice des prix
L'inflation, mesurée en moyenne annuelle, devrait diminuer de 9,3% en 2023 à 7% en 2024, puis à 6% en 2025. Cette baisse progressive reflète les efforts pour contenir les pressions inflationnistes, mais reste conditionnée par plusieurs facteurs externes et internes.
Par ailleurs, l'inflation des produits frais devrait également diminuer, passant de 16,2% en 2023 à 10% en 2024, puis à 7,1% en 2025. Cette diminution est cruciale pour le pouvoir d'achat des ménages, mais dépendra fortement de la performance du secteur agricole et des conditions climatiques.
Excluant les produits alimentaires frais et les produits à prix administrés, l'inflation sous-jacente devrait suivre une tendance baissière graduelle, passant de 9,1% en 2023 à 7,3% en 2024 et à 6,4% en 2025. Cette tendance reflète une stabilisation progressive des pressions inflationnistes fondamentales.
Perspectives
Les perspectives de l'inflation demeurent cependant incertaines et dépendantes de plusieurs facteurs critiques. Ainsi et concernant l’évolution des prix internationaux, toute fluctuation imprévue pourrait affecter directement les coûts des importations et, par conséquent, l'inflation domestique.
Aussi, des augmentations des salaires, si elles ne sont pas accompagnées d'une augmentation proportionnelle de la productivité, pourraient renforcer les pressions inflationnistes. Par ailleurs, la réforme des subventions et les ajustements budgétaires pour répondre aux contraintes financières de l'État pourraient influer sur les prix administrés et, par conséquent, sur l'inflation globale.
Il convient de noter, sous cet angle, que les efforts pour diversifier les sources d'énergie et améliorer l'efficacité énergétique pourraient avoir des répercussions à court terme sur les coûts de production et l'inflation.
Par ailleurs, la disponibilité des ressources en eau, cruciale pour le secteur agricole, pourrait affecter la production agricole et les prix des produits alimentaires frais.
La note de la Banque Centrale de Tunisie sur les évolutions économiques et monétaires et les perspectives de l'inflation met en lumière les défis et les opportunités auxquels le pays est confronté dans sa quête de stabilité macroéconomique et de croissance durable.
D'un côté, la Tunisie fait face à des défis persistants : une croissance économique modeste, une inflation élevée, des déséquilibres extérieurs importants et des contraintes budgétaires. Ces facteurs pèsent lourdement sur la capacité du pays à assurer un développement économique équilibré et inclusif.
En revanche d'un autre côté, la note de la BCT met aussi en évidence des opportunités à saisir : une détente progressive de l'inflation, une amélioration attendue de la croissance hors secteur agricole, un potentiel de diversification et de transformation structurelle de l'économie, ainsi que la possibilité de mener des politiques économiques flexibles et réactives.