Qui a dit que les dessins d’enfants sont des gribouillages sans valeur artistique ? Pour ceux qui le pensent, ils n’ont qu’à visiter l’exposition qu’accueille actuellement le Centre des arts vivants de Radès (Ben Arous) et découvrir cette nouvelle expérience artistique menée à partir de dessins des enfants.
Au total : 29 tapisseries reproduisant les œuvres ces bambins sont à admirer. L’exposition s’accompagne par un joli calendrier, riche en couleurs et surtout en lumières et espoirs.
« Au fil des semaines et des années les dessins d’enfants s’amoncellent au sein de l’atelier hebdomadaire d’éveil plastique. Du génie des enfants, et de la liberté d’expression qu’ils découvrent au sein de l’atelier, résultent des images inédites, plastiquement heureuses. Les cartons les plus beaux sont confiés aux artisanes tisserandes pour les interpréter au moyen des fils de laine et des couleurs. Patiemment les tissages s’ajoutent aux tissages, plus originaux les uns que les autres, et constituent une matière à exposition. C’est ainsi que cet événement : exposition doublée d’un calendrier, s’est imposé par sa récurrence comme l’une des traditions du Centre des arts vivants de Radès. Puisse cette éducation du regard et cette liberté de réalisation ne pas quitter le cœur des enfants. Et fonder leur sensibilité d’adulte » ont écrit les organisateurs, présentant les circonstances de la naissance de cette exposition.
Hymne à la liberté, à l’innocence, à la spontanéité et surtout au non-conformisme artistique, l’exposition rappelle aux visiteurs cette célèbre phrase du picasso, « j’ai mis toute ma vie à savoir dessiner comme un enfant », les incite à découvrir l’expérience de kandinsky qui a collectionné les dessins d’enfants ou à se plonger dans les cahiers d’écolier de Eugène Delacroix dont certains ont été vendus aux enchères et d'autres sont bien conservés à la bibliothèque de l'Institut national de l'histoire de l'art (France) et consultable sur le net. D'ailleurs, pour les parents et également les enseignants qui se plainent toujours de ces dessins et ces croquis qui remplissent les cahiers de leurs enfants ou élèves et qui gâchent un certain ordre, l'exposition semble être une invitation pour revoir leurs idées et lire ce qui a été écrit à propos des cahiers Delacroix qui a été un bon écolier, appliqué, et dont les pages de ses cahiers, au fil des exercices, ont vu naître d'intrigantes figures réalisées parfois à la plume et parfois d'autres à la mine de plomb, révélant le tempérament imaginatif du jeune lycéen et annonçant la naissance d'un futur peintre.
L'exposition qui se poursuivra jusqu'à la fin du janvier 2024 est un appel pour regarder autrement aux dessins des enfants et arrêter de les juger en les comparant aux formes conventionnelles d'une part et à réinventer et renouveler la tapisserie d'art et ses sources d'inspiration.
L'exposition est visible tout au long de la semaine, du lundi au samedi, entre 10h00 et 17h00 et le dimanche de 10h00 à 13h00.
Imen ABDERRAHMANI