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Exclue de Francfort, l'autrice palestinienne Adania Shibli bientôt à Semmama

L’autrice palestinienne Adania Shibli sera sur la colline de Darwich, au Jbel de Semmama (gouvernorat de Kasserine), pour partager quelques fragments de son roman « Détail mineur ». La date n’a pas été fixée et annoncée.

 

"Détail mineur" a valu à son autrice palestinienne Adania Shibli "LiBeraturpreis 2023", prestigieux prix littéraire remis, comme le veut la tradition, lors d'une cérémonie spéciale, organisée lors de la Foire de Francfort, l’un des plus importants rendez-vous de l’édition mondiale. Annoncée le 20 octobre 2023, la cérémonie a été annulée et l'autrice a été privée de sa récompense surtout avec la montée des tensions suite à l’attaque du Hamas contre l’entité sioniste, le 7 octobre 2023.

 

La décision d'annulation a été contestée par plus de 600 éditeurs et auteurs de différentes nationalités dont trois prix Nobel de de littérature : Olga Tokarczuk, AbulrazakGurnah et Annie Ernaux.

 

Il est à rappeler qu’à cette période, même l’Union des éditeurs arabes a annoncé son boycott de la Foire de Francfort suite à cette décision qui a fait couler beaucoup d’encore et où l’autrice palestinienne a été accusée d’antisémitisme, bien que son roman ait paru depuis quelques années dans plusieurs langues (arabes, français, anglais…) et les avis de la presse allemande lors de sa sortie ont été positifs. 

 

Avec le 7 octobre 2023, le gouvernement allemand et également le comité d’organisation de la foire ont changé de position, voulant à tout prix étouffer cette voix palestinienne pour rendre plus audibles les récits et les voix de l’armée israélienne. Il y a de quoi ! Dans son roman, l’autrice, résidente depuis des années en Allemagne, a remonté le temps pour raconter l’une des génocides de l’armée sioniste en Palestine, imaginant un face-à-face entre une jeune palestinienne, victime de viol et son bourreau, un soldat israélien.

 

L’histoire qu’a racontée Adania Shibli n’est pas de la pure fiction. Elle tire ses racines d’un article paru en « 2003, dans un quotidien israélien, Haaretz, qui a révélé qu’en août 1949 des soldats ont kidnappé, violé collectivement, puis tué et enterré une jeune bédouine du Néguev. Un crime qui s’inscrit dans la lignée des massacres commis à cette époque charnière pour terrifier ce qui restait des habitants de cette zone désertique » précise Acte Sud qui a publié le roman en 2020.

 

« Soixante-dix ans plus tard, Adania Shibli s’empare de cet ‘incident’ dans un récit qui s’articule en deux temps nettement marqués. La première moitié relate le déroulement du crime avec une objectivité quasi chirurgicale. Elle met en scène deux personnages principaux : un officier israélien anonyme, maniaque de l’ordre et de l’hygiène, qui envahit les pages de sa présence hypnotique, et sa victime, comme lui jamais nommée. La seconde partie est narrée à la première personne, sur un ton très subjectif et ironique, par une Palestinienne d’aujourd’hui, obsédée par un ‘détail mineur’ de l’incident : le fait qu’il se soit produit vingt-cinq ans jour pour jour avant sa naissance. Bravant les obstacles imposés par l’occupant, elle parvient à se rendre dans le Néguev dans l’espoir d’exhumer le récit occulté de la victime.

 

Mais la détective en herbe ne tardera pas à tourner en rond…Longuement mûri, ce roman décapant dénonce en peu de pages, au-delà du contexte israélo-palestinien, le viol comme banale arme de guerre, et aborde subtilement le jeu de la mémoire et de l’oubli », précise la note de l’éditeur français.

 

Des mots et des maux de la Palestine

 

« Mon bonheur a été grand avec cette invitation de votre part, à une époque où il n'y a ni source ni place pour le bonheur. Je suis très honorée de recevoir cette invitation.

 

Je suis comme vous, je me suis rapprochée de la littérature, lors de ces moments où enfant, je surveillais les bêtes, dans les plaines du nord de la Palestine, à Marj Ibn Amer. Mes remerciements et ma fierté envers vous et votre soutien sans précédent », ainsi l’autrice palestinienne a répondu à l’invitation du Jbel Semmama et à ses habitants. Réponse publiée sur les réseaux sociaux par l’activiste culturel Adnen Helali. Un grand hommage lui sera rendu à l’occasion dans un lieu très emblématique : la colline de Darwich, cette colline sur laquelle le Centre culturel des arts et métiers de Jbel Semmama, a été fondée et où le drapeau palestinien est toujours hissé, en signe de solidarité.

 

C’est à ce lieu magique où résonne la voix de Darwich chantant son Palestine bien-aimée que Adania Shibli rencontrera le grand public, lecteurs et amis de la Palestine.

Il est à noter qu’il y a quelques mois, précisément en novembre 2023, la maison d’édition tunisienne « Dar El Kitab » de l’éditeur Habib Zoghbi a annoncé qu’elle prendrait en charge la publication et la distribution de toutes les œuvres de l’écrivaine palestinienne Adania Shibli et qu’elle mettrait toutes ses ressources à la disposition de l’écrivaine palestinienne pour organiser des rencontres en Tunisie. Dans cet ordre d’idées, « Détail mineur » est disponible à la Maison du livre au Centre urbain nord et dans quelques librairies de la capitale.

 

Imen ABDERRAHMANI

 

 

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